La connerie et les cons vus par… Denis Faïck

  • La connerie consiste à mépriser l’autre, à l’ignorer, à le déconsidérer. Elle consiste en un jugement et un comportement réducteurs, rigides, qui tronquent l’homme et le monde en identifiant la totalité du réel à l’un de ses éléments, jugement définitif, immobile, rigide, auquel s’ajoutent la suffisance, la vanité, l’immodestie.
  • Ce n’est pas alors la connerie qui devrait nous étonner, mais l’intelligence, car la première est facile, immédiate, alors que la seconde est difficile et lente.
  • La connerie est une inadéquation constante, têtue et surprenante qui sépare l’homme de lui-même, des autres et du monde.
  • La connerie est toujours un écart par rapport au réel, à ce qui convient, à ce qui est juste, précis, en relation avec les choses.
  • Un con peut être un spécialiste, un grand connaisseur. La connerie résidera alors dans l’absence d’humilité, qui tôt ou tard se retournera contre le vaniteux moqueur ou trop exigeant.
  • Un con peut avoir de l’intelligence, mais il ne l’utilise pas à bon escient.
  • Le con est un gros-plein-de-satisfaction.
  • La connerie est liée par essence au simplisme.
  • Un con, loin d’être un ignorant, a une connaissance, mais il la considère comme aboutie, universelle, nécessaire, définitive alors qu’elle ne l’est pas, ou qu’elle ne l’est qu’en partie. Un con croit savoir et ajoute ainsi à ses propos le contentement.
  • Un con généralise en utilisant un principe à toutes les sauces, si l’on peut dire, ce qui mène souvent, voire toujours, à l’échec.
  • Nous participons tous à la connerie ambiante. Et bien sûr nous sommes au courant de telle « information » dans tel magazine people, mais on sait que c’est bête, et en plus « on ne l’achète pas », on l’a vu dans la salle d’attente chez le dentiste. On se dédouane tout en participant à ces conneries.
  • On pense qu’on ne peut pas nous prendre pour des cons. Et pourtant, nous sommes tous, à un moment ou à un autre, victimes de nos opinions ou de la pensée unique qui s’impose.
  • Un con peut aussi parfaitement mener à bien un processus sans voir que le but est inutile ou vicié.
  • Un con ne prend pas en considération, ou fort peu, autrui. Il est peu sympathique, dénigrant ou méprisant. Au con manque alors la psychologie nécessaire pour compatir avec les autres.
  • On est d’autant plus con qu’on a la capacité de ne pas l’être.
  • Un con ne tire aucune conclusion de son échec et continue. Il persévère dans son comportement, de même que l’attitude dogmatique fixe l’individu dans une croyance constante qui le met complètement à l’écart des faits. La même attitude fait des ravages chez les technocrates qui appliquent ou mettent au point des règles inapplicables ou totalement imperméables aux situations concrètes. Et ils insistent.
  • La connerie est une insistance établie que rien ne peut déstabiliser.
  • Pour éviter ici d’être con, il faut garder sa vigilance, sa lucidité, sa modestie en ne perdant pas de vue le réel.
  • Le mot con renvoie à des considérations d’ordre intellectuel, lato sensu, l’insulte visant alors les capacités de compréhension : résoudre un problème, comprendre un raisonnement, appréhender des règles logiques, utiliser des paramètres pour mener à bien une finalité.
  • C’est sans doute dans les extrêmes que l’on trouve le plus de cons.
  • Un con s’accroche à l’illusion alors que tous les faits, toute l’expérience la révèlent au grand jour comme illusion.