On dit que les morts-vivants sont des êtres morts qui continuent à se manifester. Cela me fait penser à notre directeur administratif et financier, en gros celui qui remplit des formulaires (c’est pour ça que leur métier s’appelle administratif, ne cherchez pas…) et qui compte les pièces jaunes.
Edgard Tadukash, qui a succédé à Hubert Henron (viré pour avoir un peu enjolivé les comptes, en collusion avec le commissaire aux comptes de Meyer-Sainou-Lémeyeur, viré lui aussi pour complicité), je l’ai bien sûr croisé dans nos comités de direction.
Mais nous n’avons pas eu, depuis deux ans qu’il occupe son large bureau à l’étage de la direction (moi, je n’y suis pas…) de réels échanges sur la création de valeur liée au système d’information financier. Ce sont plutôt mes équipes qui discutent avec les siennes des quelques évolutions fonctionnelles sur les outils de reporting et décisionnels ou de la couleur des tableaux de bord.
Il faut dire que la direction financière ne figure pas parmi nos clients internes les plus actifs, elle a toujours ses vieux outils implémentés sous l’ancien régime (c’est comme ça que l’on appelle l’époque de mon illustre prédécesseur avant qu’il se fasse décapiter pour avoir tellement serré les coûts que les utilisateurs se sont révoltés contre les outils archaïques qu’ils devaient bricoler au quotidien). C’est plutôt la logistique, la production (notamment nos plus grosses usines de Vatexibé-sur-Seine et de Mézidon-Danlemil), le marketing ou les ressources humaines qui sont des gros consommateurs du système d’information. Pour résumer, le DAF, côté SI, a plutôt fait le mort ces derniers mois.
Et voilà qu’il se réveille ! Il se trouve qu’Edgard Tadukash, lors du dernier comité de direction, m’a fait un cadeau. En général quand un DAF vous offre un cadeau, il est préférable de vérifier s’il ne va pas vous exploser en pleine figure. Mais là, non. Il s’agissait d’une étude d’une quinzaine de pages sobrement intitulée « L’évolution de la fonction finance en 2011, enjeux, problématiques et meilleures pratiques ». Comme ledit comité de direction était d’un ennui à mourir (je n’ai pas été jusque-là, les morts-vivants c’est très peu pour moi…), je l’ai feuilletée. Edgard Tadukash n’a probablement pas osé m’adresser un e-mail agressif pour me faire part de ses récriminations, il a préféré agir de façon indirecte, le fourbe…
Car cette étude, dont je vous recommande la lecture (écrivez-moi, je vous l’enverrai bien volontiers : olivier.sehiaud@gmail.com) dresse un constat plutôt négatif pour nous DSI, quant à notre capacité à répondre aux besoins des DAF. On y lit en effet que 44 % des DAF ne sont pas satisfaits de la qualité du système d’information, qu’il s’agisse d’optimisation, de rapidité, d’indicateurs, de capacité à gérer des analyses sectorielles ou de la déclinaison des objectifs stratégiques… Idem pour la gestion multilingue à l’international ou la conformité aux normes comptables internationales. Qu’est-ce qui permettrait d’améliorer l’efficacité de la DAF ? Nos amis de la finance répondent qu’il leur faudrait recruter davantage de collaborateurs qualifiés, mieux former ceux qu’ils ont déjà, réviser leur modèle d’organisation, mieux répartir les tâches…
Si on lit entre les lignes, nos amis les DAF avouent, à travers cette étude, qu’ils disposent d’une bonne proportion de bras cassés, qu’ils sont organisés n’importe comment, et qu’on ne sait pas qui est responsable de quoi. Edgard Tadukash voulait certainement que je prenne l’initiative de venir m’enquérir de ses besoins : mais on aura beau installer les meilleurs logiciels dans une telle configuration organisationnelle, cela ne marchera jamais ! Je préfère que le DAF continue à faire le mort… Sinon, c’est moi et mes équipes qui allons y laisser notre santé !