Comment ? Qu’apprends-je ? Que c’est la centième fois que j’écris dans cette rubrique ! Bigre… Moi qui m’étais engagé juste pour rigoler et pour quelques numéros, en me disant que cela me changerait des réunions ennuyeuses peuplées de managers à la tête enflée, je me suis retrouvé embarqué dans cette galère de trouver des idées pour alimenter cette chronique
Et tout cela bénévolement parce que chez Best Practices ils ne gâchent pas l’argent de leurs abonnés, même pour donner une aumône à un DSI nécessiteux comme moi…
Bon d’accord, je le reconnais, trouver deux idées par mois ne relève pas de l’exploit, tout juste du fonctionnement normal d’un cerveau normal, du moins je crois. C’est d’ailleurs ma moyenne dès qu’il s’agit de trouver deux idées d’innovation pour les directions métiers de Moudelab & Flouze Industries. Au prix où mon DAF me paie, c’est déjà bien de fournir deux idées originales. Avec celles que je donne à Best Practices, ça fait quatre, je suis presque en surchauffe !
À un tel rythme, beaucoup se seraient découragés et on les aurait compris. Mais nous avons des compensations. D’abord, des centaines d’e-mails et des sacs postaux dégorgeant de lettres d’admiratrices enflammées (les lettres, pas les admiratrices…). Comment ça, j’exagère ? Oui, un peu, je le reconnais. Mais je reçois du courrier de fournisseurs qui essaient de me fourguer leurs solutions forcément innovantes. Ou de la part de managers qui cherchent un job en se disant que ça a l’air sympa comme ambiance dans notre DSI (ce n’est pas faux, mais il ne faut pas le répéter, sinon notre DRH va nous coller quelques procédures de plus pour nous faire rentrer définitivement dans l’esprit « corporate »).
Ensuite, c’est plutôt amusant de rester dans l’ombre alors que beaucoup aimeraient savoir qui je suis. Pour information, mon numéro de téléphone figure dans l’annuaire du Groupe de Pairs Best Practices, dont je fais partie et que je vous engage à rejoindre. Mais le premier qui va me balancer aura une lourde responsabilité : celle de me voir viré sur le champ par mon DAF, surnommé en interne Décidément Abruti Fini. Et encore, moi je trouve qu’il n’est pas tout à fait fini… c’est dire s’il a une marge de progression !
Et si je décidais d’arrêter mes contributions ? J’en vois déjà quelques-uns, pour ne pas dire la majorité, qui n’en croient rien ! Ils ont raison, je ne vais pas faire mes adieux tout de suite. Je ne dis pas que je vais atteindre le millième numéro de Best Practices Systèmes d’Information, dont la sortie est prévue, si je compte bien, à raison de 21 numéros par an, en… 2055. Le rédacteur en chef aura 98 ans, c’est dire si son esprit habituellement aiguisé (pas tant que moi, mais quand même un peu) en aura pris un sacré coup dans les neurones. Quant à moi, qui suis quand même jeune, je ne m’imagine pas, avec ma main tremblante, passer trois jours sur un clavier (mais aura-t-on encore des claviers en 2055 ?) pour pondre quelque chose d’intelligent dans cette page. Ou passer autant de temps à essayer de me souvenir où j’ai rangé le système d’information qui peut toujours servir.
En attendant, il va falloir assurer la production pour 2013 et au-delà. Et si j’étais à court d’idées ? Là encore, j’en vois qui ricanent en se disant qu’il est impossible que dans un domaine comme les systèmes d’information on ne trouve pas de quoi alimenter cette page tellement notre métier devient n’importe quoi. C’est vrai que c’est quasiment impossible. Comme disait l’illustre Reiser : « On vit une époque formidable ! » Et comme disait également le non moins illustre Pierre Dac : « Quand on voit ce qu’on voit, qu’on entend ce qu’on entend, que l’on sait ce que l’on sait, on a raison de penser ce que l’on pense. »
Et pour ceux qui ne me supportent pas (je n’en ai pas rencontré, mais il en existe certainement), je leur promets solennellement la chose suivante : j’arrêterais définitivement d’écrire entre maintenant… et 2055 ! Parole d’Olivier Séhiaud.