Le 11 mars dernier, c’était le 41ème anniversaire de la disparition de Claude François (le chanteur, pas notre responsable des services généraux, qui porte le même nom). L’un de ses tubes, dont vous vous souvenez sûrement, intitulé « Le Téléphone pleure » mettait en scène une petite fille apparemment harcelée au téléphone par un type lourdingue qui cherchait à draguer sa mère.
À chaque fois que je l’écoute, et les radios ne se sont pas privées de nous la repasser en boucle, cela me fait penser au comportement de certains commerciaux qui harcèlent nos assistantes et nos collaborateurs, non pas pour décrocher un rendez-vous galant, mais pour nous vendre leur dernière solution dont nous avons absolument besoin. J’ai ainsi imaginé ce que cela donnerait, en changeant juste les personnages.
– Allo !
– Écoute, ton DSI est près de toi ? Il faut lui dire : « C´est quelqu´un pour toi »
– Ah ! c´est le commercial de la dernière fois ? Bon, je vais le chercher. Je crois qu´il est en réunion de pilotage. Et je ne sais pas s’il va pouvoir venir…
– Dis-lui, je t´en prie, dis-lui : « C´est important. Et il attend. »
– Dis, tu lui as fait quelque chose à mon DSI ? Il me fait toujours des grands signes. Et il me dit toujours tout bas : « Fais croire que je ne suis pas là ! »
– Raconte-moi comment est ta DSI ? Apprends-tu bien chaque soir tous tes cahiers des charges ?
– Oh oui ! Mais comme mon DSI travaille, c´est la DRH qui m´emmène au Codir. Il n’y a qu´une signature sur mon carnet d’évaluation. Les autres ont celle de leur DAF… Pas moi !
– Oooooh, dis-lui que j´ai mal ! Si mal depuis six ans. Et c´est ton âge, mon petit ?
– Ah non ! moi, j´ai cinq ans d’ancienneté. Eh ! dis, tu le connaissais mon DSI avant ? Pourtant il ne m´a jamais parlé de toi ! Tu restes là, hein !
(refrain)
Le téléphone (du DSI) pleure quand il ne vient pas
Quand je lui crie: “Je t´aime” (« et je voudrais bien te fourguer ma camelote », mais ça ne figure pas dans les paroles de la chanson originale)
Les arguments marketing se meurent dans l´écouteur
Le téléphone (du DSI) pleure, ne raccroche pas
Je suis si près de toi avec la voix (« et bientôt, avec mon bon de commande », mais ça non plus ça ne figure pas dans les paroles originales)
– Seras-tu aux prochaines rencontres d’Opio à l´hôtel Beau-Rivage ? Aimes-tu la plage ?
– Oh oui ! J´adore me baigner. Maintenant je sais nager (« dans un océan peuplé de requins comme toi », mais ça encore, ça ne figure pas dans les paroles originales…). Mais dis donc, comment tu connais l´hôtel Beau-Rivage, tu y as été toi, à Opio ?
– Ooooooh! Dis-lui toute ma peine, combien tous les deux, moi, je vous aime !
– Je vous aime ! Mais je t´ai jamais vu, moi ! Et qu´est-ce que t´as ? Pourquoi t´as changé de voix. Mais tu pleures, pourquoi ?
(refrain)
(Le même que plus haut, forcément, c’est un refrain…)
– Dis, écoute-moi. Car je serai demain au fond d´un centre d’appels. Retiens-le, ton DSI !
– Mais il s´en va dans une autre réunion !
– Allons, insiste !
– Il est parti
– S’il est parti, alors, tant pis (« pour mes bonus et mes com’s de fin de trimestre », ça non plus, etc.)
– Au revoir, monsieur.
(« Je reviendrai, ne t’inquiète pas, je ne lâche pas l’affaire, je vais trouver une autre proie plus compréhensive qui me le passera, ce 0µ%X&* de DSI ! ») (ajout aux paroles originales).