Il faut toujours relire les grands penseurs d’autrefois. En particulier les grecs, qui sont revenus sur le devant de la scène. Au-delà des grands noms de la pensée antique, en cherchant bien, les grecs anciens ont étudié les formes d’organisation qui s’appliquent bien aux systèmes d’information d’aujourd’hui.
« L’encyclopédie des penseurs grecs futés », retrouvée dans un grenier, m’a fait découvrir des penseurs oubliés, mais dont la pertinence du propos peut nous inspirer dans notre travail quotidien.
Touva Avolos : il a théorisé les facteurs d’échecs des projets, il en a déduit la loi qui porte son nom et qui concerne la nécessité, avant d’engager un projet, de s’appuyer sur un sponsorship fort de la direction générale : « Mieux vaut avoir le bras long avant de mettre le doigt dans l’engrenage. »
Vazi Jusqualos : DAF d’une cité antique du Péloponnèse, il était connu pour ses prises de positions tranchées. Partisan des coupes budgétaires à répétition, il a montré qu’il est toujours possible d’identifier des sources d’économies, même quand on pense que ce n’est plus possible. Sa devise favorite était : « Quand les budgets sont alloués, c’est vendu. »
Roberto Rastapopoulos : selon lui, il est toujours possible de dire non à n’importe quelle demande provenant d’un tiers. Il était surtout connu pour rétorquer systématiquement, à tous ceux qui venaient quémander des prébendes : « Tintin et Whalou », manière de signifier son refus plutôt deux fois qu’une. Plusieurs de ses descendants sont devenus DAF dans de grands groupes du CAC 40.
Leonidas Portelefardos : il a théorisé la nécessité de partager les responsabilités dans la gestion de projets. Pour lui, tout le monde ne doit pas être placé sur le même plan, certains doivent travailler plus que d’autres et endosser davantage de responsabilités. Il était contemporain de Jean-Jacques Roussos, démis de ses fonctions de manager de théâtre antique pour incompétence, lointain ancêtre de l’auteur des « Confessions » et du « Contrat social ». Il est à l’origine d’un ouvrage méconnu : « Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité entre les chefs de projet. »
Vasano Vapianos : d’un naturel nonchalant, il était partisan de réaliser de longues études d’opportunités et d’analyse des besoins avant d’engager un projet de construction. On lui doit la loi dite du « J’vais y aller, mais pas tout de suite » qui affirme : « Aller de l’avant sans protéger ses arrières est le meilleur moyen d’être mis de côté. »
Amon Remeylassos : il a vécu au IIIème siècle avant l’invention de la dette technique. Il a théorisé le concept du Test and Take money, complémentaire du Test and Learn aujourd’hui repris par de nombreuses start-up. L’idée du Test and Take money, lui aussi adopté par de nombreuses start-up qui préfèrent « lever des fonds » plutôt que « lever des clients », est de demander toujours plus de budget qui sera, de toute façon, toujours dépensé. Il a inspiré la devise, popularisée par les vignerons bourguignons : « Lâche-pas le Meurseault ! »
Yannis Balanceletwitos : ce prédicateur parcourait les villages de Macédoine sans jamais parvenir à se faire entendre lors de ses harangues dominicales. C’est lui qui a inventé la communication sous forme de messages courts, qu’il pensait beaucoup plus percutante. Lors de ses déplacements, de village en village, il était pourtant suivi par de nombreux fans.
Konstantinos Tapalenivos : ce grand penseur était persuadé qu’il fallait élever le niveau de compétences de ses compatriotes. Il était toujours optimiste face à l’ampleur de la tâche et on lui doit le proverbe fondateur de la « théorie de la motivation des développeurs qui ont du mal à rédiger trois lignes » : « On peut être nul en orthographe et savoir conjuguer plusieurs difficultés. »
Ovide Lelavabos : il a été précurseur de l’infobésité que l’on connait aujourd’hui. Il a vécu au IXème siècle avant l’invention de la machine à pipeauter les discours marketing et il avait déjà constaté, à l’époque, une surproduction d’informations. Il était partisan de la sélectivité de manière à ne conserver que l’essentiel et à oublier ce qui est inutile ou obsolète, de manière à conserver le cerveau humain en bon état de marche. On lui doit la célèbre phrase prémonitoire : « Qui sème la Data récolte la Big Data ou la Big Cata, c’est selon. »
Esope Balailecanivos : descendant de scribes égyptiens, il était chargé de retranscrire toutes les fonctionnalités des temples grecs, afin de pouvoir les tester systématiquement, de repérer toutes les fioritures inutiles des sculpteurs et de nettoyer les chantiers après le passage des esclaves. Ce métier a hélas disparu, mais il serait bien utile aujourd’hui pour vérifier la qualité des applicatifs métiers. Il a théorisé la base de ce qui est aujourd’hui la réutilisation de logiciels : « Quand le sort en est jeté, tu peux toujours en récupérer des morceaux. »