Influenceur : c’est probablement le mot qui a été le plus fréquemment employé en 2019. C’est le nouveau graal à atteindre quand on veut exister dans le virtuel.
« Si t’es manager et que tu n’es pas influenceur à cinquante ans, c’est que tu as raté ta Life » aurait pu dire le grand penseur Jack Céguéla, fondateur de l’agence RSCG (Reste Sagement Cantonné dans ton Gourbi).
Je suis encore tombé sur le nième classement des influenceurs. Comme je suis curieux, j’ai consulté ledit classement. De quoi parlent donc ces influenceurs ? En fait, de pas grand-chose, la plupart desdits « influenceurs » se contentent de retweeter ce que d’autres ont eux-mêmes retweeté, etc. C’est pour ça que leur score « d’interaction » augmente. En plus, on a vraiment du mal à en comprendre le sens tant le nombre de #hashtags #brouillent #la lecture #rapide et #demande un #effort #pour #déchiffrer #chaque #mot. Il n’y a pas d’étude précise sur le sujet, mais si elle existait, on s’apercevrait certainement que les expressions « Ca y est, l’événement commence », « En voilà une bonne idée » « A lire » « Machin va parler de tel « truc », « Je partage » sont parmi les plus répandues.
Quant au profil des followers, dont le nombre détermine la qualité d’influenceur, c’est un vrai catalogue. Pour l’un des influenceurs (jusqu’au prochain classement) qui compte plusieurs dizaines de milliers de followers, parmi les derniers abonnés, on trouve un « travelogue » (si quelqu’un sait ce que c’est…), un musicien, un vidéaste, un « change leader » (tout un programme), un géologue, un « cloud native human », une « Inquisitive Momma seeking to discover, create and inspire unique adventures », un peintre spécialisé dans le spray sur des canevas, un astrophysicien, sans oublier une « badbitch » (Hmmmm… !), un joueur de poker et un « humoriste distributeur de pizza ». Il ne manque plus qu’un raton-laveur : mais il s’est peut-être glissé parmi l’armée des followers, sous forme de faux compte Twitter. Ça ne serait pas étonnant, on connaît tous l’adage, popularisé par un dessinateur du New York Times au début des années 1990, qui avait représenté un chien devant un écran avec la légende suivante : « Sur Internet, personne ne sait que tu es un chien. » Pourquoi pas un raton-laveur ?
Bref, les légions de followers constituent une vraie cour des miracles, et encore, je n’ai parcouru que la première page dudit influenceur. C’est sûr qu’un manager qui parvient à influencer tous ces profils plus ou moins farfelus est un super-héros et mérite son titre (du moins jusqu’au prochain classement). Le problème est que, pour certains, l’influence crée une addiction et une crainte : celle de ne plus figurer dans le classement du mois suivant ! Un véritable déchirement… Ils ressemblent à un hamster qui continue à faire tourner sa roue, sans vraiment savoir pourquoi. Dans l’évolution des espèces, l’influenceur #hamster n’est pas prêt de disparaître…