Toute le monde le dit : le contexte de l’après-confinement ne sera pas le même qu’avant. « C’est bien vrai, ça ! », comme disait la célèbre mère Denis, un peu nostalgique du passé.
Qui dit « nouveau monde » dit « nouvelles compétences ». Il faut donc s’atteler, dès à présent, dans la perspective de 2021, au recrutement de nouveaux profils pour s’adapter. Dans ma check-list, j’ai identifié quelques métiers qui vont nous être bien utiles…
Adaptateur de prise de décision
On dit souvent que le système d’information, c’est l’électricité qui alimente la performance de l’entreprise. Hélas, tout comme les différences de prises électriques entre l’Europe et les États-Unis, rien n’est standard, il faut un adaptateur. Pour les systèmes d’information, c’est le même principe, notamment pour que les prises de décisions des DSI puissent circuler d’un continent à un autre. Surtout qu’il y a des utilisateurs qui raisonnent en 110 volts (Vouloir Oublier Les Technologies Sérieuses) et d’autres en 220. Quant à ceux qui sont monophasés des neurones, ils sont irrécupérables…
Désensableur de projets échoués
L’issue d’un projet tient souvent à peu de chose. Avec la crise, on ne peut plus se permettre le moindre écart ! Il suffit qu’un banc de sable qui a résisté au changement fasse vaciller, voire couler, le paquebot système d’information. Et annihile des mois, voire des années d’efforts ! Combien de navires et de forteresses flottantes, réputés invincibles, ont sombré pour avoir ignoré les règles élémentaires de navigation, qui font que l’on passe avant tout par le chenal des best practices plutôt que de s’aventurer dans des affluents boueux ou des zones peuplées de traîtres rochers propriétaires ? Il en est de même pour les projets SI, échoués sur le bord de canaux informationnels pourtant balisés par des berges de cahier des charges et des écluses de gouvernance. Le désensableur de projets échoués est là pour identifier les masses qui ont malencontreusement heurté un projet, dont tout le monde s’accordait pour affirmer qu’il était bien parti et qu’il arriverait à bon port dans les délais.
Ophtalmologiste de vision stratégique
« Un DSI qui voit loin ne sera jamais mis en orbite », disait Ray Charles dans sa célèbre chanson « IT on my mind ». Pour manager un système d’information en période de crise, il faut une vision stratégique, mais beaucoup de DSI n’en ont pas, ou n’ont pas le temps de jeter un œil aux recommandations des consultants à qui ils ont fait appel pour y voir plus clair. L’ophtalmologiste de vision stratégique est là pour que les DSI y voient nettement mieux et évitent la DMLA (Dégénérescence du Management Liée à l’Approximation).
Rémouleur de coupes budgétaires
A défaut d’aiguiser sa stratégie, il faut souvent arrondir les angles après avoir effectué des coupes budgétaires en période de crise. Le rémouleur de coupes budgétaires est précisément chargé de faire en sorte que les postes financiers soient suffisamment lisses, afin que le DAF n’y trouve rien à redire et que ne subsiste aucune aspérité.
Courtisan du ROI
C’est un poste essentiel en période de crise, car tout le monde veut du retour sur investissement. Le courtisan du ROI n’a qu’une mission : rappeler à tous les porteurs de projet SI que seul le ROI compte et que c’est lui qui dicte sa loi à tout le monde. Sa devise ? « Soyons plus royalistes que le ROI. »
Fabricant de pelles pour dégager des marges de manœuvre
Les DSI sont parfois encombrés de projets inutiles, englués dans des délais incompressibles, harcelés par des hordes de directions métiers assoiffées de livrables dégoulinants de fonctionnalités qui clignotent. En période de crise, nous n’avons plus les moyens ! Rien de tel qu’un bon coup de pelle pour dégager tout ce qui dépasse et retrouver des marges de manœuvre enfouies sous quelques mètres de dossiers poussiéreux. La pelle peut aussi servir, en cas d’urgence ou de pétage de plomb, à taper sur la tête du premier utilisateur qui pousse la porte de la DSI pour venir s’enquérir de l’avancement de son dossier.
Fluidifieur de reporting figé
« Dès que l’ambiance dans les équipes décisionnelles devient glaciale, le reporting se fige », disait le philosophe chinois San Tsû T’sou. Le fluidifieur de reporting va touiller les indicateurs grâce à son shaker (Système Hybride A Kilodonnées Energiquement Rafraîchies) pour modifier les habitudes des utilisateurs de sorte qu’ils ne retrouvent rien. Résultat : l’ambiance s’échauffe et le reporting se défige. C’est scientifique…