Vous connaissez le professeur Salim ? Moi non plus mais je dois avouer que c’est grâce à lui, mais il ne le sait pas, que j’ai redoré mon image de DSI au sein du groupe Moudelab & Flouze Industries. Ce professeur Salim, dont je soupçonne qu’il s’est arrogé indûment le titre prestigieux de professeur, a tout compris en communication. Voilà des mois que je bataille pour trouver des idées afin de valoriser le travail de mes équipes et de mes prestataires. J’ai tout essayé : les newsletters, mais personne ne les lit ; les e-mailings vers les utilisateurs, mais ils finissent dans la corbeille à spam; dix lignes dans le rapport annuel institutionnel après force négociation avec la dir’comm, mais les analystes financiers n’en ont rien à faire du capital immatériel, ils préfèrent pinailler sur les règles d’amortissement des chariots élévateurs dans nos usines ; le trombinoscope, pour humaniser le système d’information, mais j’en ai retrouvé plusieurs exemplaires placardés sur la porte de mon bureau avec des dessins que je ne peux décemment pas publier sous peine d’atteinte aux bonnes mœurs.
La communication de la DSI serait-elle une mission impossible ? J’en étais presque persuadé lorsque la providence m’a fait rencontrer le professeur Salim. Pas en tête-à-tête bien sûr mais par l’intermédiaire d’un simple bout de papier de xx centimètres sur xx distribué dans ma boîte aux lettres. Que nous promet ce bon professeur Salim ? Avec un « paiement après résultat », il est « capable de résoudre tous vos problèmes », avec un travail « rapide et sérieux », et promet une réussite « là où les autres ont échoué ». Avec, également, un slogan qui fait mouche : « Venez voir Salim pour votre bien-être ».
Je me suis donc largement inspiré de ce moyen de communication pour atteindre mon objectif de valorisation des activités de la DSI. Car, ce bon professeur Salim, « connu pour son excellent travail » n’a-t-il pas identifié, malgré lui, les bons arguments sur lequel tout DSI doit s’appuyer ? Le paiement après résultat ? Bon c’est vrai que l’on demande le maximum de budget avant de finir le travail, mais, après tout, si le paiement après résultat peut être un argument percutant, pourquoi pas ? On pourra toujours demander une avance dès l’acceptation du cahier des charges. On a des frais… « Capable de résoudre tous vos problèmes » : là encore, n’est-ce pas la raison d’être de tout DSI ? Comme on dit, la technologie peut tout faire, ce n’est qu’une question de budget. Quant au travail rapide et sérieux, c’est facile pour nous, même si en trois jours c’est relativement délicat : il suffit d’adopter les méthodes de développement agile et de sélectionner les bons prestataires pour « réussir là où les autres ont échoué ». Le professeur Salim pratique aussi le « désenvoutement » (contre les commerciaux des SSII ?), promet « l’attraction de clientèle » (utile pour nos directions métiers retors), « l’entente familiale » (indispensable si l’on est membre du comité de direction) et « protection », là aussi bien utile pour assurer sa carrière.
J’ai donc fait fabriquer des petits tracs de même format pour diffuser largement dans l’entreprise. Avec des slogans courts et, j’espère, efficaces : « Olivier Séhiaud, connu pour son excellent travail – capable de résoudre tous vos problèmes – travail rapide et sérieux – Réussite là où les autres ont (lamentablement) échoués (ils se reconnaîtront) – désenvoûtement technologique, retour d’affection de vos utilisateurs, attraction de clientèle et protection contre les méfaits du cloud computing… ». Cette opération a été couronnée de succès : tout le monde a parlé de ce petit bout de papier, largement diffusé et commenté, depuis la machine à café jusqu’à la direction générale. Cela a conduit de nombreux collègues à s’intéresser d’un peu plus près aux activités de la DSI et à ce que l’on peut faire pour eux. Merci, professeur Salim !