C’est paraît-il ce qui formera l’épine dorsale de l’informatique du futur. Et même du présent si l’on en croit les discours des consultants et fournisseurs. Qu’on en juge ! La SOA, acronyme qui signifie Services oriented architecture, pour ceux qui ne l’ont pas deviné, ou architectures orientées services, pour ceux qui ne l’ont pas deviné et que l’anglais rebute, est présentée par un fournisseur comme « la plate-forme architecturale la plus homogène et globale pour gérer la transformation et l’optimisation des systèmes d’information ». Un autre nous explique que « plus qu’un ensemble de produits, la SOA est un moyen d’assurer la gouvernance sur l’ensemble du cycle de vie des applications ». Et un troisième en rajoute une couche, en affirmant que « l’architecture orientée services est en train de révolutionner notre conception de systèmes informatiques d’entreprise. Comment ? En délivrant une valeur unique et en rendant les processus métier flexibles et modulaires, le tout à une échelle globale. » Bigre… Ca doit être vraiment révolutionnaire.
Je me suis donc mis en quête d’informations sur ce qui, on n’en doute pas, constitue l’aboutissement de tout SI. Je me suis donc connecté sur le site web d’un de ces leaders et inscrit dans le moteur de recherche le sigle fatidique SOA. Hélas, cet éditeur de logiciels, qui n’hésite pas à dégainer son artillerie SOA à la moindre occasion, dès qu’un DSI pointe son nez dans une conférence ou s’aventure dans un salon professionnel, me répond, via son site : « Aucun résultat correspondant à votre recherche n’a été trouvé. Vérifiez l’orthographe. Les mots de votre requête sont-ils correctement orthographiés ? » Oui, ils le sont, à moins qu’un organisme de normalisation quelconque ait profité de l’obscurité pour transformer le sigle SOA en autre chose. Nouvelle tentative, nouvel échec : « Essayez d’utiliser des synonymes. Des mots légèrement différents sont peut-être utilisés pour ce que vous recherchez. » C’était donc ça ! J’ai donc indiqué ce qui me semble le plus proche : architectures + informatique + services. Au moins c’est clair, on est dans le dur, l’informatique avec des architectures autour, le tout emballé dans des services.
Réponse : « Faites une recherche plus générale. Essayez de remplacer les termes spécifiques par des termes plus généraux ». Facile à dire Môssieur le moteur de recherche ! Plus général que les services ? Je ne vois pas. Les super services peut-être… Plus général que les architectures ? Les « super architectures » probablement… Plus général que « l’orientation » ? Sûrement la convergence. Mais les super architectures convergentes avec les super structures, ça devient un concept si difficile à saisir que même le Gartner ne pourrait produire un slide pour expliquer le principe. Et si j’essayais : « révolutionner l’informatique » ? Car c’est bien cela que l’on nous explique : la SOA va révolutionner l’informatique. Si c’est pas général, ça ! Réponse de mon ami le moteur (au bout de trois essais, on commence à le prendre en affection) : « Essayez d’effectuer (il ne me tutoie pas encore…) la recherche dans une autre étendue. Des étendues différentes peuvent renvoyer des résultats différents. »
J’ai enfin compris : c’est un message subliminal. Une « autre étendue », un autre monde, voire une autre galaxie ? La SOA va tellement révolutionner les systèmes d’information que l’on entre dans une autre dimension. Je ne suis pas spécialement amateur de science-fiction, mais ce genre de perspective ne me réjouit guère. Va-t-on pouvoir maîtriser nos systèmes d’information ? Pas sûr. Je ne suis peut-être pas prêt à partir à la quête de la SOA dans un autre monde. Mais il paraît que nous, DSI, faisons de la SOA sans le savoir. C’est ce que m’a dit l’un des consultants d’un grand cabinet de conseil. Puisque je fais de la SOA sans le savoir, je fais savoir que je la vends à qui en veut. Et elle a très peu servi. Avis aux amateurs de la quatrième dimension informatique…