Ah ! Je ne veux pas voir ça…

C’était quoi l’informatique au début des années 1980 ? Allez, j’ai rouvert mon placard à archives. Je garde beaucoup de paperasse en me disant que ça servira bien un jour, j’ai bien fait. J’ai donc gardé un vieil exemplaire de l’hebdomadaire aujourd’hui disparu Le Monde Informatique.

Avec, par exemple, une pub pour un constructeur (Sirius Computer), lui aussi disparu (c’est dire si « la High Tech, c’est mortel », comme dirait mon petit neveu !) qui nous explique ceci : « Comme l’éléphant, Sirius 1 possède une fabuleuse mémoire : 128 K octets extensible jusqu’à 512 K octets en mémoire centrale. Grâce au micro-processeur 16 bits Intel 8088, Sirius 1 dispose d’une énorme capacité de traitement. Il dispose en mémoire de masse standard de deux fois 600 K octets et en option de deux fois 1,2 M octets. Sirius 1 se connectera sous peu sur un réseau local qui lui donnera une puissance encore supérieure. » Bigre ! Tout ça pour une petite fortune évidemment… À l’époque, vu les prix des matériels, tout le budget des DSI passaient dans la quincaillerie. Ça ne devait pas être très drôle pour ceux qui occupaient le poste que de négocier de la ferraille, des claviers et des câbles au kilo…

Les vieilles pubs sont finalement bien utiles. D’abord parce qu’elles nous rappellent que nous avons connu une sévère baisse de prix. Souvenons-nous qu’en 1989, un PC Dell avec seulement 25 MHz et un disque dur de 40 Mo coûtait près de 5 400 euros actuels. Et qu’avions-nous, en 1982, pour 1,265 million de francs (soit la modique somme de 192 848 euros) ? Une machine Vax Digital avec 512 K de mémoire et 67 Mo de disque. Imaginez que l’on équipe nos générations Y avec cette quincaillerie : on aura beau leur dire qu’à une certaine époque c’était un produit de luxe, ils nous riront au nez en nous traitant de dinosaures !

Les vieilles pubs nous rappellent aussi que beaucoup de fournisseurs sont morts : se souvient-on, par exemple, que Compac, avec un C, était une marque française ? Enfin, et c’est peut-être le pire, elles nous montrent que, probablement, ce que l’on connaît aujourd’hui sera complètement ringardisé dans moins de quinze ans. On devrait d’ailleurs conserver les pubs d’aujourd’hui, pour des produits et des solutions que l’on prend très au sérieux, pour en rigoler en 2025. On passera une deuxième fois pour des ringards…

Ah ! Je ne veux pas voir ça…