DSI, Sex and Sun

Les lecteurs avertis vont me rétorquer que le titre choisi pour cette chronique a déjà été utilisé dans l’ouvrage DSI.con. Mais c’est tellement d’actualité… En effet, les vacances approchent et le soleil avec. Rien à voir avec la sécheresse de nos budgets, l’ensoleillement des dividendes versés à nos actionnaires ou la chaude atmosphère qui assèche notre énergie et nous fait suer.

Convenez-en : cette année encore, nous aurons bien mérité nos vacances. Le premier semestre a été particulièrement épuisant : entre ceux qui annoncent la reprise et nous bombardent de projets et ceux qui affirment que la crise est toujours là et qu’il faut encore réduire nos budgets, entre ceux qui veulent nous « cloudiser » sur l’autel de la modernité et ceux qui nous cassent les pieds pour que nous réinternalisions tout notre système d’information pour ne pas le laisser entre les mains de méchants Américains qui en veulent à nos données personnelles, entre ceux qui veulent profiter d’une embellie sur le marché de l’emploi des compétences IT pour aller voir ailleurs si les projets sont plus verts et ceux qui, se sachant incasables, s’accrochent à leur poste comme le commercial d’un éditeur de logiciels à ses commissions trimestrielles…

Bref, les dossiers épineux ne manquent pas. J’ai appris que le soleil a des effets positifs sur l’humeur. Il paraît que la lumière du soleil, lorsqu’elle atteint le fond de l’œil, déclenche un message nerveux transmis au cerveau, ce qui augmente le flux de sérotonine, substance tout à fait bénéfique pour être de bonne humeur. C’est le même principe que les antidépresseurs (dont j’ai trouvé une boîte qui traînait dans la salle d’exploitation, je ne sais toujours pas à qui elle appartient, ils sont tous plus ou moins déprimés dans ce service…). Donc, du soleil, il nous en faut, malgré nos bureaux sans fenêtres et climatisés. Et manque de chance, notre direction générale, elle aussi, s’accroche. Une étude publiée par le cabinet de conseil Booz & Company nous révèle qu’en 2010, le taux de renouvellement des dirigeants des 2 500 plus grandes entreprises cotées au monde a enregistré sa plus forte baisse annuelle (19 %) depuis une décennie, tombant à 11,6 %. Il ne manquait plus que ça ! Chez nous, c’est même 0 % tant les membres du comité de direction s’arriment à leur fauteuil en attendant des jours meilleurs.

L’étude Booz & Company ne précise pas si la durée de vie d’un directeur général est directement proportionnelle à son degré de proximité avec la gent féminine. Chez Moudelab & Flouze Industries, c’est peut être l’effet du nom du groupe, mais nous n’avons pas connu d’affaires de DSK (Drague systématique au kilomètre). Nous y veillons, du moins à la DSI. Pour cela, j’utilise quelques techniques que je vous recommande : évitez de recruter des séducteurs patentés (on les reconnaît à leur look « trop beau pour être vrai » et à leur véhicule de luxe, selon eux), préférez donc les geeks garantis d’appellation contrôlée millésimés (on n’est jamais trop prudent), évitez également d’embaucher des bimbos chefs de projets (si, si, ça existe…) qui vont un jour ou l’autre attirer l’attention de tous vos collaborateurs (cela dit, ça renforce la présence aux réunions de pilotage…).

Même les développeurs les plus introvertis peuvent se laisser tenter : c’est comme les volcans, ils se tiennent tranquilles pendant des années et, d’un seul coup, entrent en éruption de libido qu’il est difficile de contrôler. Autre conseil : évitez les pots qui s’éternisent, l’organisation de sorties entre collègues sous l’égide de la DSI et interdisez la présence dans les bureaux de la DSI après 20 heures. Autant éviter également des rencontres inopportunes avec le personnel féminin chargé du nettoyage desdits bureaux…