Le retour des zombies

Maintenant que la crise sanitaire semble en partie derrière nous, les bonnes habitudes vont reprendre, en l’occurrence l’organisation d’événements par les fournisseurs. Ils sont tous dans les starting blocks tellement ils ont été frustrés durant les différents confinements et restrictions sur les rassemblements publics.

Leurs objectifs n’ont pas changé : ils espèrent vendre plus, vite et croient (laissons-les…) que c’est avec des événements, des salons, des petits déjeuners ou des dîners dans les grands restaurants que l’on sortira le carnet de chèques sans réfléchir. Ça peut fonctionner, il y en a qui ont essayé et qui n’ont pas eu de problème…

Mais, pour avoir fréquenté nombre de ces événements, il est fort probable que l’on retrouve les mêmes profils, car nos chers fournisseurs sont plus préoccupés par le fait de remplir une salle, donc de cocher la bonne case dans leur reporting à la Corp., que de travailler sur la qualité des profils. Et comme pour les prospects des fournisseurs aussi les confinements ont été frustrants, ça va être l’affluence dès qu’un éditeur de logiciels va proposer un dîner gastronomique, une conférence animée par une miss météo (pourquoi pas…) ou une ex-star de la télé pour rythmer un débat sur des retours d’expériences plus ou moins téléguidés.

Avec ma longue expérience, j’ai pu dresser une typologie de tous ceux qui vont se ruer hors de leur bureau. Je suis certain que lorsque vous assisterez à un événement fournisseur, vous les reconnaîtrez.

  • Le touriste. Il aime se promener et sortir de son bureau. Peu importe la thématique de l’événement, on le retrouve sur tous les fronts : il fréquente les salons à la porte de Versailles, affectionne les petits déjeuners et adore les dîners dans les grands restaurants. Pour ses collègues, c’est un signe qu’il prend son métier à cœur et qu’il est très impliqué.
  • Le dissimulateur. Il se dit DSI mais, en réalité, il est chômeur, ou « en transition », a surtout pris soin de ne pas modifier son profil LinkedIn et de garder ses anciennes cartes de visite… Surtout s’il a travaillé pour une entreprise prestigieuse. Il s’écoule souvent plusieurs mois avant que quelqu’un s’aperçoive de la supercherie.
  • Le coucou mutant. Lui n’est pas chômeur mais est devenu consultant. Pour assister à des événements réservés aux « managers IT », il prend soin d’entretenir l’ambiguïté. Son objectif est de trouver des clients pour faire décoller son activité de conseil. Il estime ainsi plus pratique et moins cher que ce soit d’autres qui paient les petits fours à sa place…
  • L’optimisateur. Il s’intéresse aux menus, à la qualité des petits fours et à la réputation du traiteur. Il optimise son budget alimentation et peut réaliser des économies sur ses tickets restaurants. Toujours ça de pris…
  • Le mystificateur. Il est rare mais, avec cette catégorie, tout est faux. Ce sont ceux qui ont réussi à passer à travers les mailles du filet. Ils connaissent tous les organisateurs d’événements qui ne sont pas regardants sur la sélection de leurs prospects et qui valident systématiquement tous les formulaires d’inscription.
  • Le chasseur. Déçu de son poste actuel, il veut changer de job et cherche des opportunités. Pour cela, rien de tel que d’aller prendre la température du marché en discutant avec d’autres DSI. C’est toujours moins fatigant (et plus nourrissant…) que de prospecter auprès des cabinets de recrutement…
  • Le collectionneur de goodies. Certains pourraient figurer dans le livre Guinness des records, tant ils possèdent de clés USB, de chargeurs pour smartphones, de carnets de notes, tee-shirts, boules anti-stress, sacs à dos de toutes tailles et de toutes les couleurs, parapluies et autres stylos.
  • Le dépressif. Ses collègues l’insupportent, son job l’ennuie, ses réunions le stressent, il ne voit pas bien comment il pourrait progresser dans sa carrière. De quoi devenir dépressif ? Hé oui… Et, pour se soigner, partager tous ses malheurs avec d’autres. Parce qu’il n’y a pas de raison qu’il soit le seul à en souffrir…
  • Le réseauteur. C’est le roi du nombre de contacts sur LinkedIn. Il espère un jour se faire repérer par un chasseur de têtes qui lui fera miroiter un super job. Ça peut marcher, sur un malentendu…
  • Le compulsif kleptomane. C’est la catégorie la plus pathologique. Ceux qui en sont atteints ne peuvent s’empêcher de subtiliser les viennoiseries du petit déjeuner (d’où le sac qu’ils ne quittent jamais…) et les amuse-gueules des cocktails. Peu importe la thématique de l’événement, de toute façon, ils ne restent jamais, une fois leur besace remplie. Ils sont faciles à repérer : ils arrivent les premiers, dissimulent leur badge, ne parlent à personne et sont en permanence en mouvement (pour dénicher les meilleurs mets).

Imaginez un événement où la totalité de l’audience serait composée de ces dix catégories ! On n’aimerait pas être à la place des commerciaux des fournisseurs qui voudraient leur vendre leurs solutions et justifier d’un ROI…