J’ai lu une information qui est totalement passée inaperçue, publiée dans la très sérieuse revue scientifique The International Journal of Cretinism and Hassholes Studies : « Un chercheur dyslexique qui travaillait sur le Coronavirus a découvert, par erreur, un autre virus : le conarovirus, qui diffuse les gènes de la connerie. »
Hélas, ce virus s’avère beaucoup plus dangereux que son presqu’homonyme propagé par les Chinois. D’abord, par le fait que tous les pays du monde sont infectés, et depuis des millénaires. Ensuite, on ne connaît pas le rythme de propagation, mais il est relativement rapide, car un sujet infecté peut en contaminer des milliers d’autres, certains dirigeants de partis politiques ont fait l’expérience et ça a marché.
Et il n’y a pas besoin d’être à moins d’un mètre de l’autre pour être infecté : le conarovirus se transmet parfaitement à distance, par exemple via les réseaux sociaux. Enfin, il n’y a aucun symptôme annonciateur de l’infection. Lorsque l’on s’en aperçoit, c’est trop tard ! Le sujet peut même avoir des éclairs de lucidité, paraître sympathique, voire « pas si con qu’il en a l’air. » Donc, on ne se méfie pas… Et les effets sont d’autant plus dévastateurs. Surtout que les individus infectés par le conarovirus ne portent pas de masques, c’est logique puisqu’ils n’ont pas conscience de leur pathologie : ils agissent à visage découvert ! Pire, on ne connaît pas le patient zéro, le connard, qui devait vivre au temps des cavernes, et qui a contaminé quasiment toute l’humanité.
Comment reconnaître un individu atteint par le conarovirus ? On ne retrouve pas les symptômes du coronavirus tels que la toux, la fièvre, le nez qui coule, les douleurs musculaires ou l’état fébrile. Ce serait trop facile… En réalité, il y a des dizaines, voire des centaines, de symptômes : les sujets sont manipulateurs, arrogants, égocentriques, agressifs, pervers, stupides, prennent des décisions absurdes, surestiment systématiquement leurs compétences, sont atteints de confusion managériale, ont le goût pour des tâches qui ne servent à rien, méprisent leurs collègues, sont adeptes des coups tordus, etc… Et certains cumulent tous les symptômes ! Cherchez bien, dans votre entourage professionnel, vous en dénicherez probablement plus d’un !
Comme je suis un incorrigible optimiste, j’ai tendance à penser que dans nos métiers technologiques, le conarovirus a fait moins de ravages que dans d’autres domaines, tels que la communication, le marketing, la gestion des ressources humaines ou la finance. C’est tant mieux, car je me vois mal gérer une pandémie de conarovirus. Déjà que j’ai du mal à faire tourner la DSI dans de bonnes conditions, mais on y arrive quand même, car je suis entouré d’un noyau dur de collaborateurs motivés, sympas, qui ne se prennent pas trop la tête pour des sujets mineurs et qui savent agir dans l’urgence. Imaginez si une pandémie de conarovirus ravageait mes équipes ! Les conséquences en seraient désastreuses. Ainsi, nous traiterions les directions métiers comme des moins que rien, nous insulterions en permanence les utilisateurs qui oseraient remettre en cause notre professionnalisme, nous continuerions à appliquer toutes les mauvaises pratiques dont on connaît depuis des décennies les effets dévastateurs sur la réputation des DSI, nous ne gérerions pas nos budgets au mieux des intérêts de nos clients internes mais au mieux pour nous, sans oublier de ralentir toute initiative tendant à nous déposséder de nos prérogatives en matière de transformation digitale : surtout si un Chief Digital Officer, atteint d’un conarovirus carabiné, venait à s’approcher trop près de nos locaux pour y imposer sa hauteur de vue.
Heureusement, il semble que le conarovirus se soit arrêté aux frontières de la DSI, comme le nuage de Tchernobyl avait stoppé sa progression avant de survoler l’Hexagone. Certes, personne n’a cru à cette histoire, mais permettez-moi d’espérer que, cette fois, nous ne subirons pas les dégâts irréversibles pour le cerveau de mes collaborateurs, d’une contagion du virus de la connerie. Pour l’instant, car, à plus long terme, tout peut arriver : l’épidémie de conarovirus est à nos portes !
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