Les expressions qui ne font rire que moi

Je fréquente régulièrement les conférences auxquelles nous invitent les fournisseurs et les groupes de médias IT, qu’ils financent par la pub. Evidemment, j’utilise un pseudonyme pour ne pas me faire reconnaître, en l’occurrence mon vrai nom…

Souvent, les présentations qui sont faites sont moyennement intéressantes, souvent très orientées marketing, et on en retire très peu d’idées percutantes. Pour passer le temps (bon, d’accord, je ne suis pas obligé d’y assister, mais ça me sort du bureau et je constate que je ne suis pas le seul dans ce cas…), je repère les expressions qui, lorsqu’on les sort de leur contexte, prennent un tout autre sens.

Il est préférable de ne pas être concentré sur ce que raconte l’intervenant. Ce qui est assez facile en réalité… Je ne sais pas si les spécialistes des sciences cognitives se sont penchés sur la question, mais j’ai constaté que lorsque la vision se trouve déconnectée de l’ouïe, autrement dit quand, pendant une conférence ou un discours, on fait autre chose (consulter ses mails, griffonner des idées, rêvasser ou somnoler) le cerveau, souvent farceur, interprète différemment ce que l’on entend…. A tel point que si l’on pouvait interrompre l’intervenant on pourrait répondre de façon totalement décalée à ce qu’il vient de dire.

Voici quelques exemples (attention, c’est la phonétique qui compte, pas l’orthographe) :

Expressions utiliséesCe que l’on pourrait répondre…
« Tout ou partie »« T’as perdu ton chien ? Dommage… »
« Nous sommes dans les temps »« J’espère que tu sais nager ! »
« L’écart se creuse »« Et les demis, ils se creusent aussi ? »
« J’ai paniqué »« Faut dire qu’en tant que directeur commercial, tu n’as pas un physique facile… »
« Je me suis fait à l’idée »« Surtout, ne dis rien à Laeticia… »
« Les voyants sont au vert »« C’est bien connu, les astrologues adorent la campagne »
« Je vous l’accorde »« Non, merci, pour mon piano, je fais appel à des professionnels »
« Je vais planter le décor »« Quand tu auras fini le gros œuvre, on pourra peut-être commencer ? »
« Je voudrais apporter un éclairage »« Pas la peine, c’est compris dans la location de la salle, mais tu peux amener ta lampe de poche si tu as peur du noir »
« Nous avons mis les moyens »« Tu aurais mieux fait de recruter des vrais talents »
« C’est une histoire de totaux »« Vas-y, raconte, qu’on rigole ! »
« Ce faisant »« Pan ! La chasse est ouverte… »
« Nous avons beaucoup recruté avec l’effet salaire »« Y’a de l’ambiance à la DRH ! »
« Il faut cultiver le champ des possibles »« L’amour de l’IT est dans le pré ! »
« Je vais conclure »« On ne sait jamais, sur un malentendu… »
« Je peux pas nier »« Tiens, E.T. s’est mis au basket-ball ? »

Je vous avais prévenus, ce petit jeu totalement inutile ne fait rire que moi. Mais je suis prêt à parier que lors de la prochaine conférence à laquelle vous assisterez (ça marche aussi pour les réunions internes, conventions d’entreprise et autre kick off ennuyeux…), vous ne pourrez pas vous empêcher de repérer ces expressions involontaires. Et si vous en trouvez d’autres, je suis preneur, écrivez-moi :

olivier.sehiaud@gmail.com