Tout est bon dans le cochon

Des chercheurs qui, apparemment, ne savaient plus quoi chercher, ont eu l’idée d’une expérience originale : les cochons feraient-ils de bons testeurs d’expérience utilisateur ?

A priori, on pourrait penser qu’une telle idée a germé dans l’esprit d’un chercheur complètement idiot à la recherche d’un peu de notoriété. Hé non, il s’agit d’une expérience tout à fait réelle, menée par des chercheurs américains et dont les résultats ont été publiés dans la revue de psychologie comparative Frontiers in Psychology. Des cochons ont ainsi été entraînés à manipuler un joystick qui contrôle les mouvements d’un curseur sur un écran. Pas sur un smartphone, le pied de cochon s’accommode mal des touches tactiles, mais sur un bon vieux PC IBM 386 avec un écran de 33 centimètres.

Conclusion des chercheurs : à l’aide de leur museau, les cochons ont acquis la capacité de réaliser des tâches avec un joystick. Parce qu’ils ont capitalisé sur leur mémoire, leur attention et leur capacité de conceptualisation. Rien que ça ! Si les cochons sont capables de mobiliser ces trois facultés, ils sont donc meilleurs que certains de mes collaborateurs, dont la mémoire a tendance à défaillir lorsqu’on leur rappelle leurs erreurs, dont la capacité de conceptualisation se limite à trois slides et dont l’attention ne dure que quelques minutes en réunion. Certains font même leur tête de cochon en permanence… Mais je me vois mal organiser des réunions avec des porcelets, certes animaux sympathiques, mais quand même bruyants, bien qu’ils soient très intelligents. Les cochons sont ainsi capables de choix multiples (choisir telle boîte au lieu de telle autre), de sélectionner le bon interrupteur pour allumer une lumière et de distinguer les couleurs… Ils seraient sûrement capables d’identifier l’emplacement d’un port USB sur un PC.

L’idée est intéressante pour tester les interfaces des nouvelles applications que l’on propose aux métiers. Cela ferait un argument imparable face aux inévitables critiques que nous subissons à chaque fois qu’une application est mise en production : « L’interface est trop compliquée », « Je ne retrouve pas mes raccourcis », « Les menus sont trop (ou pas assez) chargés », « Les fonds d’écran sont moches », etc. On connaît tous ces réactions qui, à chaque fois, nous irritent, même si certaines paraissent justifiées.

Mais pour se débarrasser des gêneurs, des râleurs et des critiques systématiques, rien de mieux que d’adopter un petit goret. Nous pourrions ainsi rétorquer : « Votre critique est tout à fait légitime, de votre point de vue, mais si notre porcelet-mascotte a été capable de naviguer dans les menus que l’on vous propose, c’est que l’interface est suffisamment fluide… » Autrement dit : « Circulez, y’a rien à voir ! ». On pourrait également recourir aux porcs pour négocier avec nos fournisseurs. Dans ce cas, on n’opterait pas pour un porcelet, de trop faible gabarit, mais pour un bon gros verrat de plus de 150 kilos, histoire d’impressionner les commerciaux avant-vente qui s’échinent à nous prendre pour des jambons et nous regardent de travers (de porc, comme il se doit…) pour nous saigner (comme un cochon, bien sûr…). Quitte à être pris pour un cochon de payant, autant aligner le symbole avec la réalité !

La partie la plus difficile serait d’apprendre à notre porcelet comment naviguer dans un ERP ou comment sauvegarder des documents dans le cloud sans que l’organisation des fichiers ne devienne une porcherie. Mais je reste optimiste. Vous le savez, je suis un fervent partisan de l’innovation et on ne va pas se priver, pour une fois qu’on a accès à une vraie innovation à l’état de lard !