Le célèbre slogan sarkozien « Travailler plus pour gagner plus » ne me convient guère. En tant que DSI, on a déjà donné dans le « travailler plus ». Je préfère, de loin, le slogan « gagner plus ». Comment faire ? Ma bonté naturelle m’incite à partager les dix moyens de gagner plus lorsque l’on est DSI mal payé et que l’on a envie que ça change en 2018.
1. Attribuez-vous les primes qui reviennent à vos équipes : après tout, n’êtes-vous pas le seul responsable devant la DG et les directions métiers ? Vous payez assez cher vos échecs, alors pourquoi ne pas vous attribuer les lauriers des réussites de la DSI : il suffit de l’expliquer à vos équipes, elles comprendront certainement votre point de vue. Enfin, en principe…
2. Planifiez sur six mois la participation aux conférences, petits-déjeuners, déjeuners et cocktails offerts par tout ce que la place compte d’éditeurs de logiciels, de SSII et de cabinets de conseil en mal de nouveaux clients et qui pensent qu’en nous invitant, ils nous fourgueront plus facilement leurs produits (laissons-leur leurs illusions… et bon appétit). Attention toutefois à votre taux de cholestérol…
3. Faites-vous systématiquement payer pour participer à des conférences : lorsqu’un de vos fournisseurs préférés vous demande d’intervenir dans l’une de ses conférences pour vanter les mérites de la solution que vous lui avez achetée, en jouant la comédie pour affirmer sans rire que tout s’est bien passé dans le meilleur des monde de l’informatique, faites-vous payer ! Si vous ne savez pas combien, téléchargez la grille des cachets des intermittents du spectacle.
4. Recyclez tous les slides produits par la DSI pour écrire un livre. Les consultants le font bien ! N’êtes-vous pas le mieux qualifié pour parler de management des systèmes d’information ? Que quelqu’un ose dire le contraire !
5. Alignez vos avantages sur ceux de vos collègues : primes sur objectifs, participation, intéressement, abondement, avantages sociaux, gâteries en nature (voiture, téléphone, abonnement à un club de golf), stock-options et plan d’actionnariat, notes de frais, First Class pour les voyages : êtes-vous certain d’être sur un pied d’égalité avec vos collègues managers ? Qui sait si l’un d’entre eux n’a pas obtenu en douce de la DG une petite dérogation pour obtenir un gros avantage ? Demandez un alignement systématique. Sinon, n’hésitez pas à balancer des rumeurs à la machine à café… Comment ça, cela ne se fait pas : vous voulez gagner plus, oui ou non ?
6. Faites-vous prêter des logiciels et des machines par les fournisseurs. Ah bon, vous le faites déjà systématiquement pour approvisionner votre famille et vos amis ? Passez au point suivant…
7. Changez la dénomination de votre poste : passez de directeur informatique à CIO (Chief Executive Officer) ou Chief Executive de ce que vous voulez. Bon, d’accord, ce n’est pas facile, mais à force de conviction sur « la valeur ajoutée des systèmes d’information pour la compétitivité de notre entreprise » (relisez les œuvres complètes de Monsieur Cigref), vous devriez arriver à décrocher une augmentation.
8. Changez de fonction : le mieux, pour gagner plus, c’est de devenir directeur général, au moins adjoint. Comme ceux en place ne vous laisseront jamais leur place (parce qu’ils bénéficient de retraites chapeaux confortables et de voitures de fonction non moins confortables et de notes de frais non non moins confortables), suggérez la création d’une filiale en charge de gérer le système d’information, et que vous en soyez nommé à la tête. Vous voilà DG !
9. Si vous n’avez plus rien à perdre, franchissez les frontières de la légalité : emplois fictifs (vous n’avez pas un petit neveu consultant qui peut vous rétrocéder une partie de ses honoraires ? Cherchez bien !), sociétés écrans (même principe que précédemment, vous prenez le même petit neveu consultant mais vous serez payés en dividendes), fausses factures (même principe que précédemment sauf que le petit neveu consultant n’est pas obligé de venir travailler). Si vous vous faites pincer, affirmez que ces pratiques sont très courantes et que vous ne saviez pas que c’était interdit… C’était juste pour rendre service.
10. Couchez avec le/la DAF. Si les techniques précédentes ne fonctionnent pas, les plus courageux peuvent recourir à cette méthode en dernière extrémité : mais c’est selon. Le physique des DAF n’est pas toujours systématiquement ingrat, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas écrit… Et puis, il y a toujours la beauté intérieure pour vous consoler !
Si vous avez appliqué les principes 1, 9 et 10, le changement d’entreprise s’impose. Ne serait-ce que pour les appliquer une seconde fois sans que votre futur employeur ne se méfie de vous, surtout si vous avez appliqué les conseils 4 et 7, vous aurez une réputation d’enfer ! Profitez-en d’ailleurs pour demander une rallonge dès la fin de votre période d’essai.