Le Cigref et Capgemini Consulting ont publié fin 2009 une étude avec un titre qui produirait le plus bel effet si je l’utilisais pour le prochain comité de direction : « L’information : prochain défi pour les entreprises, pratiques de création de valeur par les SI et leur usage, cartographie 2009 ».
J’ai donc profité de mes quelques jours de vacances pour dévorer les 52 pages de ce rapport tout à fait intéressant. Je me suis particulièrement focalisé sur ce qui caractérise la maturité des DSI et sur la typologie proposée.
Suis-je mature ? à voir la liste de toutes les qualités nécessaires, j’en doute : il faut être le support à la fois du pilotage, de l’innovation, des processus métiers et de la production. En fait, je pilote comme je peux, j’innove quand j’ai le temps, je supporte les processus métiers au vrai sens du terme, mais je produis ! ça, pour produire, on produit. D’ailleurs, la plupart de mes collaborateurs ont adopté l’expression « retourner à l’usine » quand ils sortent de la cantine !
Pour être mature, il faut adopter certaines pratiques en matière de gestion du cycle de vie de l’information : en clair savoir « détecter, traiter, actualiser, structurer et collecter l’information ». Je n’ai pas encore trouvé l’outil qui fait tout cela à la fois !
Je ne devrais peut-être pas l’écrire : dès la semaine prochaine, je vais avoir une avalanche de coups de fil de la part d’éditeurs qui vont m’affirmer que, EUX, ils ont une telle solution. Mais je me fie aux études de marché du cabinet Wilson & Rossignol & Associates & Cetera qui ont bien cherché et rien trouvé.
Mais pour être vraiment mature, tout cela ne suffit pas. Reste le plus difficile : il faut jouer les cartes de la « proactivité » (soit : le premier qui bouge en prend plein la gueule…), du « partage » (doucement, quand même…), de la « transparence » (pas trop non plus…), de la « maîtrise » (des nerfs, je suppose, mais ce n’est pas écrit comme ça dans l’étude…), de la « formalisation » (on en fait, ça m’arrange) et de l’intégrité (cela va de soi, on n’est pas des sauvages !). Bon, c’est clair, dès la page dix de l’étude, mon degré de maturité s’avère plutôt bancal.
Et le profil type de la DSI de ma chère entreprise Moudelab & Flouze Industries ? L’étude Cigref-Capgemini Consulting en dresse cinq : utilitaire, technologique, centre de services, partenaire des métiers et cœur de métier. A priori, je dirais que notre DSI rassemble toutes ces caractéristiques : je suis utile, je connais suffisamment la techno, j’aime bien rendre service, je fréquente les métiers et, de temps en temps, je me permets de leur expliquer le cœur de leur métier. Parce que certains ne sont vraiment pas doués…
Reprenons ce que nous raconte cette docte étude : la DSI « utilitaire » n’a « pas de profil particulier ou n’existe pas en tant que fonction identifiée de l’entreprise ». Notre fonction est identifiée, mais des fois, on se demande si ce n’est pas pour la galerie… La fonction systèmes d’information « technologique » est un « centre d’expertise technologique qui pousse des réalisations techniques vis-à-vis des métiers. » Pour pousser, on leur pousse, même s’ils n’en veulent pas, de nos solutions !
La fonction systèmes d’information « centre de services » délivre aux métiers « des réalisations selon leurs spécifications ». Là, on ne peut pas leur pousser n’importe quoi : le n’importe quoi vient dans un second temps, après avoir enregistré (en trois exemplaires) « leurs spécifications ». La fonction systèmes d’information « partenaire des métiers » ? C’est « un des partenaires clés des métiers avec lesquels elle codéveloppe des services métiers ».
Vous remarquerez qu’on n’est pas tout seul… C’est pareil qu’avant sauf qu’avec cette idée de codéveloppement, les projets sont livrés deux fois moins vite ! Le stade ultime est lorsque la fonction systèmes d’information est « cœur de métier » : elle est « un des actifs différenciateurs de l’entreprise et fait partie de l’expertise cœur de métier », nous explique l’étude. Un peu comme un bon camembert, « crémeux à cœur ». L’essentiel est de ne pas être trop coulant, avec une croûte suffisamment épaisse pour résister au temps…