À chaque fois que j’assiste à une conférence sur le Big Data, et elles sont nombreuses, on nous rabâche, en préambule, la définition que tout le monde connaît désormais.
Le Big Data se définirait par cinq V : le Volume de données, la Vélocité de leur production et de leur exploitation, la Variété des sources d’informations (structurées et non structurées), la Variabilité et la Véracité. Pour certains, il y en a même sept, en ajoutant la Visualisation et la Valeur.
En général, la personne qui intervient lors de la conférence, le plus souvent un pur produit marketing armé de slides usés jusqu’à la corde, passe une bonne dizaine de minutes à expliquer les cinq (ou les sept) V. On pourrait même en ajouter trois de plus, avec Vaporeux, tant on n’y comprend rien, Vénal, tant les fournisseurs veulent nous extorquer quelques budgets en sus, avec le Big Data, et Vrac, tant les données relèvent souvent de la catégorie du grand n’importe quoi.
Comme à chaque fois, lors d’une conférence sur le Big Data, ou d’autres sujets à la mode d’ailleurs, j’ai tendance à piquer du nez, surtout en début d’après-midi. Mais les sept V, finalement, sont bien utiles. Non pas pour caractériser le Big Data, mais pour illustrer ce qu’est, pour nous, notre dur métier. Remplaçons Big Data par Big Cata. Comment caractériser les sept V de notre métier ? Simple… :
• V comme le Volume d’emmerdements qui nous tombent dessus en permanence. Et vous avez certainement remarqué que ce volume augmente…
• V comme la Vélocité avec laquelle ces emmerdements arrivent. Et vous avez certainement remarqué qu’il suffit d’un simple incident, par exemple une messagerie qui rame, pour déclencher l’ire de tous les utilisateurs. Et si c’est l’iPhone du grand patron qui lâche, la vélocité se mesure en dixièmes de seconde…
• V comme la Variété de nos emmerdements quotidiens. Quand ce ne sont pas les utilisateurs ou les collaborateurs de la DSI qui ruent dans les brancards, ce sont les fournisseurs qui s’y mettent, quand ce n’est pas telle ou telle direction métier qui pique sa crise d’identité, ce sont les clients qui mettent la pression pour que l’on développe de nouvelles applications supposées renforcer leur « expérience client ». Et vous avez certainement remarqué que cette variété augmente chaque jour à mesure que les directions métiers se croient permis de prendre notre place.
• V comme la Variabilité que l’on nous fait endurer, depuis les banales incivilités (la dernière en date étant le graffiti « mort aux cons » dans les toilettes de la DSI), jusqu’aux crises majeures quand l’ERP se plante, en passant par les remarques désobligeantes qui parsèment les comptes rendus de nos comités de pilotage. Et vous avez certainement remarqué que tous ceux qui nous en veulent ne manquent pas d’imagination.
• V comme la Véracité, car le métier de DSI est indissociable de son lots d’emmerdements livrés avec la fonction. La voilà la véracité : l’instabilité de notre situation est indiscutable… Et vous avez certainement remarqué que personne ne la conteste…
• V comme la Visualisation que nous avons de nos emmerdements lors de nos pires cauchemars. Et vous avez certainement remarqué que lorsque l’on se réveille, on s’aperçoit très souvent que le cauchemar n’est pas terminé…
• V comme la Valeur que beaucoup attribuent à notre métier, d’où, d’ailleurs, le lot d’emmerdements qui y est associé. Et vous avez certainement remarqué que, pour certains, la valeur de notre métier est tellement trop élevée pour eux qu’ils sont sans arrêt sur notre dos. Sans pour autant nous faire de cadeau…
Je suis sûr qu’à la prochaine conférence sur le Big Data à laquelle vous assisterez et que l’on vous expliquera les cinq ou sept V, vous ne manquerez pas de penser que les V n’ont pas toujours la signification que l’on croit…