Club pas Med

C’est une épidémie… J’ai encore trouvé une invitation à rejoindre un club de DSI ! Ça commence à faire beaucoup. Certains diront que l’on est gâtés : on peut ainsi participer au club 01 DSI, au club Décision DSI, à CIOnet, au Club CIO, au club des DSI d’IDC, au club CIO-CXO du Magit, au club Silicon DSI, à l’Agora des DSI… Et si j’étais Africain, je pourrais en plus participer aux clubs d’AfroCIO.

Sans parler de tous les événements auxquels nous sommes conviés, de l’IT Business Forum à Top DSI (tous les deux à Deauville, c’est dire si la profondeur des contenus est mise en avant…), en passant par les entretiens d’Opio (au moins, c’est au Club Med, l’organisateur sait recevoir…), et tous les pince-fesses (enfin, façon de parler parce que ça manque de DSI femmes…). Comme disait le regretté Coluche : « Jusqu’où s’arrêteront-ils ? »

Et chacun rivalise pour nous attirer, le plus souvent dans un traquenard tendu par des fournisseurs avides de nous fourguer leurs documents commerciaux dont nous n’avons que faire, avec une forte proportion de commerciaux dont la finesse intellectuelle est inversement proportionnelle à la longueur des chaussures pointues. Et, cela va sans dire, ils sont tous leaders. Par exemple, le Club Décision DSI « est la plus importante organisation européenne dans son domaine et regroupe plus de 900 décideurs informatiques d’entreprises privées et d’entités publiques de plus de 200 salariés localisées sur la France entière. » Bigre ! De son côté, CIOnet affirme que, avec 3 500 DSI, c’est « la plus grande communauté de dirigeants informatiques en Europe ». Faudrait savoir ! A priori, 3 500, c’est plus que 900, mais on peut se tromper, nous autres, DSI, c’est bien connu, ne sommes pas trop à l’aise avec les chiffres.

Le Club CIO France, lui, se définit comme le « premier réseau social exclusivement réservé aux managers des systèmes d’information ». Mince, encore un premier de la classe ! De son côté, le réseau CIO/CXO « permet de profiter d’un contenu exclusif orienté sur la valorisation business du SI, de connaître en temps réel le niveau de participation et l’engagement de vos pairs, d’intégrer des communautés d’échange sur et autour des conférences, de rencontrer nos partenaires autour de vos problématiques métiers ». Bon, là, on ne comprend rien, sauf que les fournisseurs vous attendent au tournant…

On remarquera que quatre entreprises concurrentes utilisent la même marque, CIO. Le site Web Magit, l’autre site Web CIO, le réseau social CIOnet et CIOMag. Comment voulez-vous que l’on s’y retrouve ? Comme élément différenciateur, on pourrait trouver mieux et n’importe que étudiant d’une école de commerce de seconde zone qui proposerait à quatre entreprises concurrentes de promouvoir un marque identique se verrait probablement recaler à ses examens pour n’avoir rien compris à l’avantage compétitif d’une entreprise.

En attendant, et à supposer que notre emploi du temps nous en laisse la possibilité, où faut-il aller ? J’avoue que je ne sais pas. Ils sont certes très sympathiques, tous ces organisateurs, mais qu’avons-nous à y gagner ? Je passe sur le cas de certains de nos collègues, relégués dans des placards et qui ont tout intérêt à en sortir pour aller se restaurer gratuitement matin, midi et soir. Mais nous avons de moins en moins la possibilité de passer notre temps dans des clubs.

Je me vois mal expliquer à mon DG, qui pourtant est amateur de clubs, y compris les plus louches et licencieux, que je consacre la moitié de mon temps de travail à musarder dans les grands hôtels pour récupérer quelques cartes de visite de commerciaux et des docs produits que je pourrais obtenir par un simple coup de fil ou quelques minutes de surf sur le Web. Si encore nous avions du contenu pertinent, ça serait toujours ça de gagné ! Même pas… Tous ces clubs fonctionnent sur de l’éphémère, du superficiel, du court terme, bref, du vent… Ça serait bien que l’on nous concocte un « club des clubs », pour que l’on se déplace une seule fois. C’est bien suffisant…