Je pressens que certains d’entre vous en ont assez de leur boulot pépère et voudraient un peu d’action. Certes, ce n’est pas facile, surtout après la période estivale, lorsque la torpeur s’est installée durant plusieurs semaines dans toute l’organisation et en particulier à la DSI, où les équipes se la coulent douce (pour certains, rien ne change par rapport aux autres mois de l’année…).
Comment redonner un peu de vie à la DSI ? Je vous suggère de devenir un vrai DSI populiste. L’objectif est de conquérir les utilisateurs qui restent indifférents aux actions de la DSI et qui, en même temps, ne se privent pas de râler contre le « système IT », les « DSI qui s’accrochent à leurs fauteuils » et « les informaticiens tous pourris » par les fournisseurs.
Attention, toutefois : ça va certainement remuer à la DSI, et cela risque de susciter des réactions de rejet de la part de certains de vos collègues. Voire de vous pousser vers la sortie… Heureusement, d’autres verront en vous un vrai leader. À l’image des vrais politiciens populistes, qui ne manquent pas de soutiens, malgré les dénigrements dont ils font l’objet… À vous de voir ! Pour ceux qui veulent tenter l’expérience, voici dix conseils pour mettre un peu d’ambiance dans votre entreprise.
- Soyez partisan d’une révolution libérale pour réduire les coûts. Rien de telle qu’une bonne cure de libéralisme pour tailler dans les coûts, héritage de l’histoire. Supprimez donc les longs processus d’appel d’offre, augmentez le recours à l’offshore dans les pays où les salaires des développeurs sont les moins élevés et retenez systématiquement les prestataires les moins chers. Vive la concurrence !
- Prospérez sur la paupérisation des métiers. Eux aussi se débattent avec des contraintes budgétaires. Expliquez que c’est scandaleux que la DAF ou la DRH soient mieux loties que les autres. D’autant que c’est sûrement vrai…
- Retournez systématiquement la question aux interlocuteurs qui vous interpellent. C’est une astuce classique quand on n’a rien à dire. Par exemple : « Pourquoi n’avez-vous pas investi dans le cloud ? » vous demandera-t-on. Au lieu de répondre, retournez la question pour pousser votre interlocuteur à détailler ses arguments. Une fois sur deux, il n’en a aucun, il a juste lu quelque part que c’est à la mode : « Pourquoi ? Je devrais ? »
- Dites aux utilisateurs ce qu’ils ont envie d’entendre. Les utilisateurs expriment toujours des exigences, dont certaines sont farfelues, ruineuses ou irréalisables. Ou les trois à la fois ! Ne lésinez pas sur les promesses, elles seront vite oubliées par ceux qui y ont cru…
- Pratiquez le clientélisme de masse. Une partie du budget doit être dédiée à faire plaisir aux métiers, même si, à terme, cela augmente les coûts et la dette technique : votre successeur paiera !
- Exigez l’impunité zéro et privilégiez l’autoritarisme. La sécurité doit être votre credo stratégique. C’est d’ailleurs un domaine sur lequel votre DG ne pourra pas vous contrer. Commencez par éradiquer la « racaille » qui pratique le Shadow IT, les incivilités des utilisateurs dans la gestion de leurs mots de passe et les projets trop risqués. Cela ne vous empêchera pas de pratiquer le clientélisme en octroyant l’impunité à ceux qui vous soutiennent.
- Privilégiez le style direct, dressez des constats simples avec des solutions simples. Et n’oubliez jamais de vociférer et de vous indigner en permanence contre « les nuls », les « incompétents », les « pourris », les « ignorants », les « abrutis », les « imbéciles », les « bons à rien-prêts à tout », les « corrompus » et « les incapables » qui vous entourent. Si vous n’avez pas d’idées, commencez par : « Vous trouvez ça normal que… ? » Il y aura toujours un sujet qui fâche auquel vous pourrez vous raccrocher.
- Discréditez vos opposants. Ils seront bien sûr nombreux et ne manqueront pas d’arguments. À vous de suggérer que leur comportement est, par exemple, téléguidé par la direction financière, par tel ou tel fournisseur qui a comploté avec votre DG pour vous évincer, ou par tel collègue qui vous en veut de lui avoir refusé le dernier joujou technologique dont il rêvait pour épater ses amis.
- Diffusez des « fake news ». Si de fausses informations servent votre intérêt, pourquoi vous en priver ? Certes, il y aura toujours quelqu’un qui vérifiera, mais la masse des utilisateurs ne fera rien… à part croire et relayer vos « fake news ». Bien utile pour redorer votre blason, montrez que vous êtes un vrai leader ou dénigrez vos collègues qui aimeraient vous voir exercer vos talents dans une autre entreprise…
- Minimisez les affaires dans lesquelles vous êtes directement impliqué. Le dernier gros plantage applicatif ? « Ce n’est qu’un détail de l’histoire », assurerez-vous d’un air convaincu et, bien sûr, étonné que l’on vous ressasse ce sujet sans aucun intérêt…