Apprenez par cœur les mots qui ne servent à rien : n’hésitez pas à abuser de la « deep business strategy » (à la mode outre-atlantique), du paradigme (mot dont on ne retient jamais la signification) ou de l’écosystème (ça fait scientifique).
Dépensez tout vos budgets en communication : cela sera probablement inutile pour assurer la viabilité de votre business mais question satisfaction personnelle, c’est le top. D’après les spécialistes du comportement, cela renvoie à des valeurs très profondes : le syndrome du « je passe à la télé en prime time avec mes pubs ». Même si la chaîne en question ne fait pas d’audience. Comme disent les marketeurs : « La pub c’est pas fait pour être vu, c’est fait pour être facturé ! Ce ne sont pas les consommateurs qu’on gavent avec la pub, c’est nous qui nous gavons de pognon vite gagné !»
Méprisez les médias (les jours pairs) : justifiez-vous en expliquant que les journalistes ne comprendront jamais votre stratégie car elle est trop novatrice. Ce qui est en général exact, quand on voit le niveau de certains…
Courtisez les médias (les jours impairs) : expliquez que votre stratégie est en béton, pas comme celle de ces milliers d’autres dot cons, les vrais.
Adoptez toujours une vision prospective : lisez les ouvrages à la mode sur le e-commerce, le management, la transformation digitale et, d’une manière générale, sur toutes les technologies, y compris exotiques qu’on ne verra jamais. Et rajoutez-en une couche sur les l’intelligence artificielle, c’est très tendance…
Promettez des lendemains qui chantent aux sociétés de capital-risque : statistiquement, vous avez une chance sur deux de rafler quelques millions d’euros que vous dépenserez à votre guise (voir conseil n°2).
Participez à toutes les conférences, webinaires et salons pour que tout le monde vous considère comme incontournable : moins vous aurez de choses intelligentes à raconter, plus vous passerez pour quelqu’un de clair et de synthétique (on ne citera pas de nom…). On ne manquera pas de vous réinviter !
Ne faites jamais de business plan : comme les bonnes résolutions de début d’année, ils sont faits pour en jamais être respectés : alors pourquoi se fatiguer ? (Si vous y tenez vraiment, récupérez le business plan d’un autre et changez les noms). Les capitaux risqueurs sont tellement bourrins qu’ils ne s’apercevront de rien (là encore, on a les noms).
Piquez les bonnes idées chez les autres en disant que vous en êtes l’auteur. Là encore, statistiquement, vous tomberez une fois sur deux sur quelqu’un qui a lui-même subtilisé une idée à un autre et qui n’osera jamais vous attaquer.
Bref, soyez un vrai BOBO (Business Oriented Baratin Oriented).