Vous l’aurez constaté, la popularité du président de la République accuse une forte chute ces derniers temps. Mais il n’empêche, grâce à des mots, des expressions et des phrases chocs, il a pu marquer les esprits depuis le début de son quinquennat. A tel point que tout le monde s’en souvient, même ses détracteurs.
Pourquoi ne pas s’inspirer de cette approche ? Elle n’est évidemment pas nouvelle : de tous temps, les raccourcis, formules à l’emporte-pièce et slogans réducteurs ont émaillé la vie politique, sociale et économique. Nos chers fournisseurs nous ont habitué à ces techniques pour nous vendre encore plus de « solutions ».
En réalité, la plupart des « Best Of » linguistiques d’Emmanuel Macron s’appliquent parfaitement à notre métier et à nos activités.
- « On dépense un pognon de dingue » : nous pourrions en dire autant pour les relations avec nos fournisseurs. Et s’interroger une fois de plus sur le résultat de cette dépense « de dingue » en logiciels, maintenance et autres journées de conseil. Pas toujours à la hauteur !
- « C’est croquignolesque ! » : c’est ce que l’on pourrait dire, en restant poli, sur la réelle connaissance des problématiques numériques des membres de notre comité de direction…
- « De la poudre de Perlimpinpin » : lorsque l’on parcourt les livrables concoctés par certains consultants, certains experts consacrés « éminents » et autres gourous autoproclamés, on est tenté d’utiliser cette expression. Les plus anciens pourront également se référer à un autre président de la République, Jacques Chirac, avec son « abracadabrantesque » et ces affaires « qui font pschitt », tout comme les bonnes idées de certains, dès qu’on tente de les mettre en œuvre.
- « Les Gaulois réfractaires au changement » : remplacez Gaulois par utilisateurs et vous aurez un tableau assez juste de ce que nous vivons au quotidien dans nos organisations…
- « Je serai d’une détermination sans faille, je ne céderai rien, ni aux fainéants, ni aux cyniques, ni aux extrêmes » : ça ressemble fort à un discours de prise de fonction par un DSI encore enthousiaste quant à sa nouvelle mission au service de son nouvel employeur. Il n’osera évidemment pas dire la vérité en scandant : « Je serai d’une détermination sans faille, au moins les deux premiers jours, je ne céderai rien, ni aux chefs de projets fainéants, ni aux cyniques directions métiers qui vont me savonner la planche, ni aux extrêmes de la direction financière qui n’attendent qu’un faux pas pour m’étrangler. »
- « Une gare est un lieu où l’on croise des gens qui réussissent et des gens qui ne sont rien » : c’est vrai qu’à la DSI aussi, on croise ceux qui réussissent (ben, nous…) et ceux pour qui c’est plus difficile. Mais ce sont souvent les collaborateurs dont on considère « qu’ils ne sont rien » qui bossent le plus !
- « Certains, au lieu de foutre le bordel, feraient mieux d’aller regarder s’ils ne peuvent pas avoir des postes » : cette formule s’applique plutôt bien aux métiers, dont certains éléments gagneraient à aller exercer leurs talents de nuisance dans d’autres entreprises. De même qu’à la direction financière. De même qu’à la direction juridique. De même qu’au marketing. De même que… (complétez vous-mêmes).
- « Le meilleur moyen de se payer un costard, c’est de travailler » : dans la mesure où beaucoup de DSI travaillent sans avoir pour autant la reconnaissance qui devrait aller avec, cette phrase fonctionne mieux lorsqu’elle est formulée de la façon suivante : « Le meilleur moyen de se faire tailler un costard, c’est de ne pas travailler. »
- « Je traverse la rue et je vous trouve un travail » : c’est probablement l’expression qui s’applique le moins à notre métier, compte tenu du nombre de DSI qui se sont faits virés et qui n’ont rien retrouvé. Cela peut s’appliquer à nos équipes, pour ceux qui ont des compétences très pointues. Mais ceux-là, on ne veut pas forcément les laisser partir…