Le SI en bande dessinée

C’est bientôt mon anniversaire : l’un des cadeaux qui font toujours plaisir sont les bandes dessinées. Surtout si elles racontent notre métier.

Mais, hélas, il n’en existe pas sur notre métier ! C’est vraiment dommage car, par exemple, on aurait pu imaginer les aventures de Tintin au pays des technologies de l’information. On n’a même pas besoin de changer les personnages, tous pourraient trouver leur place dans une DSI. Tintin, bien sûr, dans le rôle du DSI, qui chercherait en permanence à faire le bien, sans toujours réussir face aux pas doués qui l’entourent ; le capitaine Ad-hoc, développeur caractériel qui n’économise pas ses injures lorsqu’une application bogue ; le professeur Tournesol, expert en langages de développement exotiques et qui tient des propos incohérents lorsqu’il essaie de retranscrire les besoins des métiers ; l’affreux Rastapopoulos dans le rôle du commercial avant-vente d’un grand éditeur d’ERP, âpre au gain ; sans oublier la Castafiore, qui chante les louanges du numérique et les consultants Dupont et Dupond, dont la phrase favorite pourrait devenir culte : « Je facturerai même plus ! »

On pense aussi aux aventures des frères Dalton : nous ne serions pas dépaysés, car nous avons tous rencontrés les équivalents d’Averell, le vieux chef de projet à qui il faut expliquer dix fois ce qu’il doit faire, de Joe, le DAF caractériel qui se roule par terre dès qu’une ligne budgétaire est de travers, de Jack, le consultant bougon, ou de William, le plus cultivé, candidat naturel au poste de CDO. Quant à Lucky Luke, on le voit bien chanter « I’m a poor lonesome DSI », accompagné de son fidèle Rantanplan, qui ne pense qu’à ingurgiter des lignes de code.

Les aventures d’Astérix seraient également adaptables à notre univers, avec le druide qui prépare la potion magique pour finir les projets dans les délais, le barde geek qui veut tester toutes les nouvelles technologies et qu’il faut ligoter pour qu’il ne sème pas la zizanie chez les utilisateurs, ou le consultant-poissonnier qui ne reconnaîtra jamais que son avenant n’est pas très frais. Heureusement, le DSI Astérix et le directeur technique Obélix (qui est tombé dans un datacenter quand il était petit) sauveront toutes les situations face à des légions de commerciaux d’éditeurs de logiciels qui ne supporteraient pas qu’une DSI gauloise résiste à la modification unilatérale des conditions contractuelles des licences.

J’aimerais bien également une déclinaison des Schtroumpfs, dans laquelle on entendrait régulièrement la phrase « C’est encore loin, la fin du projet, Grand-Schtroumpf ? », avec l’ignoble Gargamel qui chercherait à piquer les budgets pour développer ses propres applications en mode SaaS (Schtroumpf as a Service). Pour rigoler un peu, prendre du recul et éliminer le jargon qui nous caractérise, il me vient une idée : pourquoi ne pas instituer une journée durant laquelle tous les mots abscons, les termes incompréhensibles, les locutions obscures et les expressions inintelligibles que nous employons quotidiennement, seraient remplacés par le mot « schtroumpf ».

Certes, cela ne redorerait pas notre blason auprès de la direction générale, qui serait confortée dans sa perception que nous ne sommes, à la DSI, qu’une bande de zozos ! Mais ça aurait une certaine classe : « Concernant le projet schtroumpf, il faut schtroumpfer les équipes pour qu’elles réussissent à schtroumpfer dans les schtroumpfs, sinon on va se faire schtroumpfer grave par les métiers et on devra refaire le cahier de schtroumpfs avec des slides mieux schtroumpfés que dans la version schtroumpf. » Comme tout le monde a compris ce que je veux dire sans avoir besoin de la version originale, ça serait donc facile ! En attendant ces bandes dessinées de nouvelle génération, il y a d’ores et déjà un point commun avec notre métier : on a toujours du pain sur la planche !