Les métiers improbables mais néanmoins indispensables de la DSI – 8

En ce début d’année, il nous faut toujours recruter de nouveaux talents. Voici les profils que je m’apprête à rechercher pour muscler nos équipes. Mais ce n’est pas gagné car ces talents sont rares sur le marché du travail…

Chercheur de clients finauds. À force d’entendre nos prestataires nous parler de leurs « clients finauds », j’ai fini par me persuader que cette catégorie existe. Il reste à les identifier dans notre entreprise, où les « clients pas finauds » sont légion. La mission du chercheur de clients finauds consiste à repérer les clients internes qui ont compris à quoi peut servir le système d’information. Pour cela, il dispose d’une machine spéciale ultra-moderne : un détecteur de lueur d’intelligence.

Cloud sévice provider. Le cloud, paraît-il, facilite la vie de nos utilisateurs. Si l’on n’y prend garde, ceux-ci vont baigner dans une béatitude qui va les conduire à considérer que tout ce que la DSI propose doit être simple, pas cher et disponible immédiatement. Le cloud sévice provider est là pour rappeler régulièrement les maux du cloud à nos utilisateurs. Pour qu’ils conservent le sens de la réalité. Histoire d’enfoncer le cloud…

Alzhameurien du in-Memory. On peut tout faire en mémoire désormais, avec les offres de nos chers fournisseurs d’ERP et de bases de données. Problème : à force de traiter facilement des données directement en mémoire, on va avoir tendance à en ajouter de plus en plus. Jusqu’à ce que toute la mémoire de l’entreprise se retrouve stockée en un seul endroit. Des petits malins vont aller fouiller dans ces masses de données, avec le risque de trouver des infos qui auraient dû rester confidentielles. L’Alzhameurien du In-Mémory fait office de nettoyeur : sa mission sera de détruire de manière aléatoire des blocs d’informations, tout comme le cerveau perd régulièrement des neurones…

Percepteur de valeur. Comme les DSI créent de la valeur, il est normal que l’on en garde un peu pour nous. On a des frais… Le percepteur de valeur est chargé de mesurer la valeur créée par la DSI pour les métiers et d’en capter une partie. En principe, un pourcentage du budget de chaque projet est rétrocédé à la DSI. La mission essentielle du percepteur de valeur est de rappeler aux récalcitrants qu’il faut payer leur facture.

Remplisseur d’architecture trois tiers. Comme pour les bouteilles de vin, les architectures trois tiers ne sont jamais remplies jusqu’au bout. Une architecture trois tiers qui n’est remplie qu’à 2,99 tiers sera moins efficace. Le rôle du remplisseur est d’ajouter quelques fines couches d’accès aux données jusqu’à atteindre 100 %. Certes, cela ne sert peut-être à rien, mais, chez nous, on adore que les comptes soient ronds…

Paralléliseur d’infrastructures convergées. À force de faire converger les infrastructures, on ne s’y retrouve plus. Laquelle fait quoi ? Faut-il débrancher le fil vert ou le fil rouge si l’on veut bricoler un serveur ? Mystère… Pour notre équipe technique, cela vire au casse-tête. D’où l’intérêt du poste de paralléliseur d’infrastructures convergées pour séparer et clarifier toute notre quincaillerie high-tech.

Fabricant de fenêtre de tir pour hyperviseur. Quand plusieurs systèmes d’exploitation fonctionnent en même temps sur une même machine physique, il faut savoir viser, sinon c’est l’embouteillage. Chaque système doit donc disposer d’une fenêtre de tir, car les hyperviseurs ne ratent jamais leur cible. Le fabricant de fenêtre de tir est là pour limiter les risques de bavure : un accident est si vite arrivé !

Démineur d’explosion des coûts. Nos budgets ne sont plus ce qu’ils étaient ! Rabougris, diminués, rétrécis, voire squelettiques… Même si on gère à l’économie, nous ne sommes pas à l’abri que les coûts de nos projets explosent, soit parce que les fournisseurs auront augmenté leurs tarifs pour boucler leur trimestre fiscal, soit parce que les directions métiers demanderont des fonctionnalités exotiques qui coûtent une blinde. Il nous faut donc un démineur pour éviter de se laisser piéger. Comme disait le philosophe chinois Tââp Hadbol : « Si tu prends des coups avec tes coûts, prend tes jambes à ton cou. »