Les missions cultes

J’adore les références historiques, elles nous en apprennent beaucoup sur le présent. Ainsi, on se souvient tous des émissions de télévision plus ou moins cultes, beaucoup sont aujourd’hui disparues, certaines perdurent depuis des décennies.

Il est dommage que n’existe pas une chaîne de télévision pour les DSI, qui reprendrait les concepts qui ont fait le succès des émissions d’antan. Je vous propose une grille de programmes qui, comme dirait le commercial avant-vente d’un éditeur pressé de vendre une solution pour boucler son trimestre fiscal, « vaut ce qu’elle vaut ».

Le Schmilblick : des candidats doivent deviner à quoi peut bien servir une nouvelle solution logicielle. Ça peut durer très longtemps…

Cinq colonnes à la Une : rebaptisée « Cinq colonnes de base de données à la Une », il s’agit d’une série de reportages au cœur des tribus les plus sauvages d’administrateurs de bases de données. Une émission diffusée, comme il se doit, en Microsoft Access Prime Time.

Coucou c’est nous : une pléiade d’auditeurs et de commerciaux d’éditeurs viennent expliquer sur le plateau comment ils ont récupéré des millions avec les audits de licences.

Questions pour un champion : dans ce jeu, tous les candidats gagnent, quelles que soient les questions que pose l’animateur Julien LePerd. Il faut dire qu’ils sont tous consultants en stratégie et ont donc réponse à tout.

Chefs d’œuvre en péril : une belle émission sur les mainframes décorés à l’ERP de première génération, auxquels personne n’ose toucher, car ils sont protégés au titre du patrimoine numérique naturel.

Au théâtre ce soir : une série de pièces comiques sur les séances des comités de direction, avec des portes qui claquent, de multiples trahisons, d’innombrables cachotteries et autres coucheries entre les protagonistes. Heureusement, ce n’est que de la fiction.

Le petit rapporteur : l’actualité d’une DSI vue par un DAF. Pas toujours très drôle.

Le mot le plus long : le principe est de trouver le plus possible de mots longs et incompréhensibles dans une présentation Powerpoint, conçue par des consultants seniors d’une société de services. Les gagnants emportent une boîte de jeu de Lego pour assembler des avenants.

Le Bêbête show : on se retrouve au cœur de formations à de nouvelles applications, avec des utilisateurs qui ont le droit de poser toutes les questions qu’ils veulent. Vraiment toutes.

Des chiffres et des lettres : des candidats DSI s’essaient à la pratique de l’élaboration budgétaire, mais aucun n’a pu se targuer de prononcer la phrase fatidique qui l’aurait fait gagner une semaine de repos : « Le compte est bon ! ».

Les dossiers de l »écran : une série de débats avec des experts sur les avantages et les inconvénients des interfaces utilisateur.

Trente millions d’amis : plusieurs reportages s’attachent à décrire comment apprivoiser ses utilisateurs, les caresser dans le sens du poil, faire en sorte qu’ils restent propres, les empêcher d’aboyer trop fort et de salir le système d’information.

Sacrée soirée : cette émission suit le quotidien de DSI qui participent à de nombreux événements organisés par les fournisseurs et les clubs de DSI.

Téléshopping : des bonimenteurs déguisés en commerciaux avant-vente de grands éditeurs de logiciels essaient de vendre des solutions qui ne servent à rien pour un prix exceptionnel, en faisant croire le contraire. Le pire est qu’ils y parviennent…

C’est mon choix : des DSI invités en plateau racontent leurs malheurs et leur quotidien, pas toujours facile. L’émission sur « Les troubles mentaux des directions métiers » a battu un record d’audience.

Perdu de vue : dans cette émission, les candidats doivent retrouver la vision du futur de leur système d’information et des valeurs fondamentales qui vont avec, qu’ils ont depuis longtemps oublié.

Apostrophes : cette émission littéraire rassemble des auteurs de livres blancs, issus des plus grandes maisons d’édition (de logiciels), qui sont questionnés sur l’intérêt éditorial de leur production. Le format a été progressivement raccourci, la plupart des auteurs invités montraient peu d’enthousiasme et éprouvaient quelques difficultés à mettre en exergue la réelle qualité littéraire de leur prose.

Le jeu de la vérité : des DSI jurent de dire toute la vérité, rien que la vérité. Tous les participants à cette émission ont, par la suite, été contraints de quitter leur poste.