Des noms ! Des noms !

Dans un livre blanc publié par l’éditeur Sage, on apprend que 65 % des directeurs des ressources humaines, en Europe, croient que le succès d’une entreprise dépend de l’accroissement des compétences de leurs collaborateurs. Certes, c’est une proportion honorable. Mais, si l’on prend ce chiffre par l’autre bout de la lorgnette, il reste tout de même 35 % des DRH qui pensent qu’il ne sert à rien d’améliorer les compétences des salariés.

N’est-ce pas paradoxal pour des managers, dont on nous dit qu’ils sont à la pointe de la modernité et qu’ils ne se contentent plus de trier des CV, de compiler des fiches de congés, d’agréger des notes de frais et de distribuer des chèques-vacances ? Dommage que l’enquête ne fournisse pas les noms de ces entreprises où l’amélioration continue des compétences est mal vue !

Cette liste serait utile à tous ceux qui cherchent un job et qui auraient ainsi le nom des entreprises complètement ringardes dans lesquelles, au mieux, ils vont s’ennuyer, au pire, se fâcher avec leurs collègues, pour peu qu’ils aient un talent, même minime. Sauf pour ceux qui adorent être placardisés et être tranquilles, il y en a…

Cette liste serait aussi utile à tous ceux qui ont des actions dans lesdites entreprises : on peut leur conseiller de s’en débarrasser, avant que leur cours de bourse ne plonge… Car, à force de ne pas encourager l’amélioration des compétences, ces entreprises vont décliner. Ou alors on n’a rien compris à la stratégie des entreprises performantes !

Cette liste serait également utile pour leurs clients, si téméraires de faire confiance à une entreprise dont les collaborateurs ne sont pas encouragés à progresser… En effet, ce n’est pas indiqué pour améliorer l’expérience client, dont on dit que toutes les entreprises devraient se préoccuper.

Cette liste serait par ailleurs utile pour les concurrents de ces entreprises : inutile, pour eux, de se battre sur le terrain des offres ou des business modèles, il leur suffit d’attendre que les salariés de leurs concurrents soient si démotivés qu’ils arrêtent d’avoir des idées…

Cette liste serait autant utile aux actionnaires de ces entreprises, qui seront ravis d’apprendre que la gestion des ressources humaines est confiée à des ringards qui n’ont rien compris à la gestion des talents, ni à la valorisation du capital humain…

Ce serait, enfin, utile à tous les DSI qui envisageraient de rejoindre ces entreprises. Car ils auraient fort à faire avec des utilisateurs indifférents et des DRH à qui il faudrait expliquer les fondamentaux d’un système d’information ressources humaines… Et il est probable que les directions générales, qui ont recruté ces mêmes DRH qui n’ont rien compris à leur métier, ne sont pas mieux loties, question maturité sur la compréhension des enjeux des systèmes d’information.

Autres statistiques que l’on trouve dans ce livre blanc : seulement 7 % des salariés travaillent à 100 % de leurs capacités et seulement 13 % se sentent impliqués dans leur travail. On imagine qu’il y a des entreprises qui cumulent : avec un DRH incompétent, des salariés qui travaillent quand ils le veulent et qui se fichent de ce qu’ils font. Pas de chance pour ces entreprises… Là encore, on aimerait avoir des noms !

Je vois déjà, chers lecteurs, que certains d’entre vous ont reconnu l’entreprise, ou l’organisation, pour laquelle ils travaillent… Gardez votre motivation, vous serez bientôt les seuls à en avoir et ça vaudra cher !