Mes bonnes résolutions… jusqu’à la semaine prochaine !

Comme chaque année, nous formulons des bonnes résolutions. Nous le savons, la plupart seront, au mieux, oubliées, au pire, reportées aux calendes grecques.

Chez Moudelab & Flouze Industries, c’est même devenu un concours pour savoir celui qui abandonnera le plus vite ses bonnes résolutions. Et la compétition est rude. Notre DAF jure d’introduire plus de transparence dans les budgets et certifie qu’il gagnera au moins deux points sur l’échelle de l’empathie de Richter (qui compte sept échelons : de « autiste » à trop « affectueux pour être honnête »). Notre DRH assure qu’elle va enfin découvrir la réelle signification des trois mots qui compose sa fonction, elle qui a toujours pensé que « Gestion » se résumait à compter des CV, « Ressources » à dépenser un budget pour les œuvres sociales et « Humaines » à passer du temps avec nos syndicalistes de la FUC (Fédération Unitaire Confédérale) et du SOT (Syndicat des Ouvriers et Travailleurs). Sans parler de notre directeur marketing, toujours prompt à formuler des résolutions pour redescendre sur terre, depuis le temps qu’il est en orbite sur les réseaux sociaux, et de notre directeur général, assurant que la nouvelle année va être, pour lui, l’occasion de s’interroger sur la pertinence de sa stratégie.

En ce qui me concerne, j’ai listé mes bonnes résolutions pour 2017. Comme il y en treize et que ça porte malheur, je suis sûr de ne pas les tenir :

  • J’arrête d’(en)fumer les directions métiers avec des arguments qui ne tiennent pas la route, juste parce que l’on n’a pas envie de réaliser leurs projets qui prennent trop de temps et consomment trop de ressources.
  • Je vais faire maigrir nos applications de plusieurs kilos de lignes de code qui, l’an dernier, se sont révélées très gourmandes en puissance machine (chez nous c’est de la bonne, qu’on fabrique nous-mêmes, on ne se fournit pas dans un cloud dilué à 20 % par des hébergeurs trafiquants).
  • Je vais faire faire du sport à mon DAF, qui en a bien besoin : il demande à tout le monde d’alléger ses budgets, mais ne donne pas l’exemple.
  • Je vais mieux ranger ma DSI, il est vrai que de nombreux cahiers des charges et documentations en tous genres traînent sur les bureaux, sans parler des listings de tests qui pourrissent dans les couloirs.
  • Je ne vais plus dire du mal de mes collègues idiots, mal élevés ou mal-comprenants, ce n’est pas de leur faute, surtout ceux qui cumulent.
  • Je vais apprendre à mieux gérer mon emploi du temps pour en consacrer davantage à l’innovation et moins à des tâches sans aucun intérêt. Non, là, je déconne, c’est quasiment impossible…
  • Je vais moins m’énerver après des projets (et leurs responsables) qui traînent en longueur, dont les budgets sont dépassés et les fonctionnalités devenues obsolètes moins de deux jours après la mise en production. Car après tout, c’est le lot commun de toutes les DSI et il n’y a pas de raison qu’il n’y ait que moi que ça gêne.
  • Je vais mettre du budget de côté pour financer des projets vraiment innovants. Bon, on le fait déjà, mais on n’a jamais réussi à le dépenser, faute d’idées.
  • Je vais systématiquement positiver lors des réunions du comité de direction, malgré la désolation qui m’envahit en constatant le niveau intellectuel de certains de mes collègues beaucoup mieux payés que moi.
  • Je vais inviter, au moins une fois par mois, notre nouveau CDO à la cantine, pour qu’il apprenne au moins quelque chose sur l’art et la manière de manager un système d’information et d’anticiper les usages numériques. Et l’empêcher de prononcer cinquante fois par jour le terme réseaux sociaux qui, pour lui, constituent le cœur de la transformation numérique.
  • Je vais arrêter d’embêter mes chers fournisseurs avec mes demandes de réductions de coûts ; il faut bien qu’ils vivent, ce sont pour la plupart des espèces en voie de disparition s’ils continuent à mépriser leurs clients.
  • Je vais encourager mes équipes à adopter systématiquement une attitude positive dans leurs relations avec les utilisateurs, même s’il y a du boulot et de fortes têtes (des deux côtés) qu’il va falloir mettre au pas.
  • Je vais tenter de remplacer le droit à la déconnexion, qui s’applique depuis le 1er janvier, par le droit à la déconne, tout court. Là, ce n’est pas gagné pour proposer cette mesure devant le comité de direction…