Mes priorités prioritaires

Comme tous les ans, un vénérable cabinet de conseil en stratégie (qui n’a rien à envier à celui que nous utilisons, en l’occurrence Meyer Saïnou Lémeyer), publie la liste des priorités des DSI pour les douze prochains mois. L’une des premières préoccupations reste l’amélioration des process business, avec la sécurité. Domaines pour lesquels, paraît-il, il y a beaucoup de travail à faire pour les DSI. Mais à qui la faute ? Ce n’est quand même pas les DSI qui sont responsables de la non-adaptation des process, de l’indifférence des utilisateurs à l’égard de la sécurité et de la dérive des coûts dans toute l’entreprise !

Certes, on pourra rétorquer que tous les autres managers sont soumis aux mêmes pressions. Permettez-moi d’en douter. On a l’impression que tout nous retombe dessus. A force de répéter que le système d’information est stratégique, incontournable, essentiel au business, nous voilà pris au piège. « Vous êtes indispensable ? Eh bien c’est à vous d’assumer le changement » m’a dit un jour notre Président, Pierre-Henri Sapert-Bocoup. Je n’ose reprendre la fameuse formule « responsable mais pas coupable », de crainte d’irriter davantage le comité de direction. A croire qu ‘à chaque problème, on se doit de trouver une solution technique et uniquement technique.

J’ai beau expliquer que le management des organisations est avant tout l’art de faire travailler les hommes et les femmes en bonne intelligence (l’outil technique n’étant qu’un outil de support), le discours ne passe pas ! « Améliorez l’ambiance dans vos services, motivez vos troupes, arrêtez de recruter des incompétents notoires dont les capacités de décision sont aussi limitées que la vitesse devant une école maternelle ! » clamai-je régulièrement devant le comité de direction.

Rien n’y fait : tout passe par une solution technique. L’incommunicabilité entre les managers et les chefs de projet ? Il suffit de les doter de téléphones portables et des toutes dernières technos de mobilité. Un process métier bancal depuis des années qu’il suffirait d’étudier en profondeur pour le faire évoluer ? Non, un progiciel intégré fera l’affaire. Un j’menfoutisme notoire des utilisateurs vis-à-vis des procédures de sécurité ? « Installez donc un logiciel de contrôle d’accès supplémentaire », me suggéra Hubert Henron, le directeur financier qui, pour une fois, n’avait pas un oursin dans la poche pour sortir son chéquier. Pour 2009, ma priorité prioritaire sera de réduire le niveau moyen d’incompétence de nos managers et de nos dirigeants. Ce n’est pas encore dans la liste du Gartner.