Bullshitshore®TM©

J’avoue que je m’y retrouve pas. On me parle d’offshore ®, de nearshore ®, de rightshore ® (variante : le rightsourcing ®), d’in-shore ®, de bestshore ® ou encore de secureshore ®. Vous connaissez le principe : déporter une activité ailleurs que là où vous avez l’habitude de l’exercer. Pour les puristes, d’après mon dictionnaire : off signifie « loin » et shore « rivage ». Bref l’informatique « loin du rivage ». Le rivage ? On connaît, c’est la DSI et ses quelques promontoires métiers, ou, pas très loin, l’épicier (pardon…la SSII) du coin. Mais je me pose depuis longtemps une réelle question métaphysique : à partir de quelle distance parle-t-on de ce-que-voulez-shore, par rapport à pas-de-shore-du-tout ?

L’offshore, ça paraît loin, ça fleure bon l’Inde et les épices. Le nearshore ®, on se doute que c’est moins loin que l’offshore. Le bestshore ® ou le rightshore ® ? On se doute que c’est pour éviter les conneries commises dans les deux autres situations… Mais à mesure que cela se rapproche, il arrive un moment ou le nearshore ® devient le near-nearshore (pas encore ®…) pour carrément se retrouver dans les locaux de l’entreprise.

C’est comme pour les yaourths avec une date de consommation : la veille c’est encore bon, le lendemain, il faudrait jeter. Si je fais appelle à une SSII dont les bureaux sont en face de ma DSI, s’agit-il de nearshore ? Probablement, c’est du nearshore-tout-près.  Et si je les installe dans nos locaux, mais dix étages plus bas, soit plus loin que s’ils étaient en face mais hors de nos murs , s’agit-il toujours de nearshore ? Géographiquement, oui, puisqu’ils se sont éloignés de la DSI… J’avoue que je ne m’y retrouve pas. Tiens, personne n’a encore pensé à déposer la marque « bullshitshore ».