Vous vous en doutez : cette année, comme les années précédentes, je n’ai pas été consacré DSI de l’année, ni même DSIN (c’est à la mode de rajouter le N pour Numérique). Ce n’est pas grave, je m’en remettrai, d’autant que la cérémonie est vite oubliée par ceux qui y participent et par ceux qui en ont entendu parler.
Combien d’entre vous peuvent citer les noms des trois derniers DSI à qui on a décerné le titre de DSI de l’année ? A part les intéressés, s’ils ne sont pas atteints de la maladie d’Alzheimer, très peu.
C’est normal, tout le monde est passé à autre chose et ces cérémonies ne servent, pour les organisateurs, qu’à pomper une partie des budgets marketing de fournisseurs qui pensent qu’ils vont vendre plus et, pour les participants, à passer une bonne soirée entre collègues. C’est déjà ça de pris… Quant aux discours prononcés à l’occasion de la cérémonie des Trophées du DSI de l’année, personne ne s’en souvient non plus…
Peut-être faut-il revisiter le concept de DSI de l’année. Ne serait-ce que pour que tout le monde s’en souvienne. Les idées ne manquent pas, on pourrait ainsi imaginer :
- Le trophée du DSI connard de l’année : décerné par les métiers, pour récompenser le DSI tendance dictateur qui n’en fait qu’à sa tête et méprise ce que les métiers veulent.
- Le trophée du DSI fayot de l’année : pour celui qui aura systématiquement accepté tous les projets demandés par la DAF ou la DG, au détriment des autres.
- Le trophée « Jean-Claude Dusse » de l’année : pour celui qui a réussi à mener un projet dans les délais et les budgets, alors que tous les ingrédients étaient réunis pour échouer et dont la phrase fétiche est « on ne sait jamais, sur un malentendu, un projet peut réussir. »
- Le trophée du DSI stupide de l’année : pour celui qui a pris pour argent comptant les arguments des commerciaux des fournisseurs, sans se renseigner auprès de ses pairs.
- Le trophée « Apocalypse Now » : pour celui qui aura tellement sacrifié ses budgets sécurité qu’il aura planté le SI à la suite d’une sévère attaque de ransomware.
- Le trophée « Titanic » : pour le DSI qui aura lancé un mégaprojet d’implémentation d’un ERP en pensant réaliser d’énormes économies en moins de six mois.
- Le trophée « Fast & Furious » : pour le DSI qui aura imposé l’agilité totale dans les développements, à coup de Lean, de DevOps, de Lateral Thinking, de Lead Users, d’Outcome Driven et de sérendipité.
- Le trophée « Clint Eastwood » : pour le DSI qui aura mis en pratique dans son organisation, pour manager ses équipes, le principe édicté par le héros du film « Le bon, la brute et le truand » : « Le monde se divise en deux catégories d’informaticiens : ceux qui ont un pistolet chargé et ceux qui creusent. Toi, tu creuses… »
- Le trophée « Retour vers le futur » : pour le DSI qui aura réussi l’exploit de migrer toutes ses applications cloud vers un AS/400 acheté d’occasion.
- Le trophée « Développement-durable-pourvu-que-ça-dure » : pour le DSI qui affichera l’ancienneté la plus élevée dans son poste alors que, rappelons-le, la moyenne est d’environ six ans et six mois.
- Le trophée du DSI pervers narcissique de l’année : décerné à celui qui pense qu’il est un gourou des technologies de l’information et considère que ses collègues managers sont tous des cons qui ne comprennent rien à la révolution digitale. Pour ce trophée, il peut y avoir des ex-aequo.
- Le trophée du DSI schizophrène de l’année : statistiquement, cette maladie touche 0,7 % de la population, on peut estimer que sur 10 000 DSI, 70 en sont atteints, c’est suffisant pour constituer la liste des nominés afin d’élire celui qui aura eu le plus de bouffées délirantes sur le digital, d’attitudes mégalomaniaques dans la gestion de projet et de pertes de repères technologiques.
- Le trophée du DSI globe-trotter de l’année : décerné à celui qui aura assisté au plus grand nombre de petits-déjeuners, de déjeuners, de dîners, de salons, de séminaires, de voyages et d’événements. Le gagnant toutes catégories sera celui qui ne se souviendra même plus où est son bureau.