On connaît tous les lois de l’apesanteur, celles de la physique, de l’astronomie et de la médecine, par exemple pour la propagation des virus. Je viens de découvrir qu’il existe aussi les lois de la stupidité humaine. Et qu’elles sont même quasiment universelles !
La période de confinement a été propice à la lecture de livres autres que les sempiternels ouvrages sur la transformation digitale, les meilleurs moyens de devenir un leader charismatique ou la gestion des talents par le coaching dans le monde d’après et autres considérations philosophico-sociétalo-managériales qui donnent mal à la tête…
J’ai opté pour un livre paru il y a près de 45 ans et qui me semble toujours d’actualité. Partant du principe que « l’individu stupide est le type d’individu le plus dangereux », l’auteur, Carlo Cipolla, un historien de l’économie, formule les lois fondamentales de la stupidité humaine :
- Chacun sous-estime toujours inévitablement le nombre d’individus stupides existant dans le monde, toute estimation chiffrée serait en deçà de la réalité.
- La probabilité que tel individu soit stupide est indépendante de toutes les autres caractéristiques de cet individu et on trouve le même pourcentage d’individus stupides dans les groupes humains les plus nombreux comme dans les plus restreints. Y compris, donc, chez les Prix Nobel.
- Les non-stupides sous-estiment toujours la puissance destructrice des stupides. S’associer avec des gens stupides se révèle immanquablement être une erreur coûteuse.
- L’humanité se divise en quatre grandes catégories : les crétins, les gens intelligents, les bandits et les êtres stupides.
Comme il n’y a aucune raison que les entreprises soient immunisées contre les individus stupides, qu’elles ont d’ailleurs largement contribué à recruter, comment fait-on pour les reconnaître ?
Carlo Cipolla nous propose une grille très simple pour ranger vos interlocuteurs dans les quatre catégories (crétins, intelligents, bandits et stupides), que l’on trouve, rappelons-le, dans tout groupe humain. C’est simple : on se base sur les actions et le comportement qu’un individu (dont on veut déterminer la catégorie) a envers un ou plusieurs autres et aux résultats de l’action. Ces derniers se traduisent par une perte ou un gain, qui peuvent s’exprimer de façon monétaire, sociale, psychologique, économique. Il y a ainsi quatre possibilités. Si l’individu en question accomplit une action qui lui apporte un gain tout en apportant également un gain à son interlocuteur, il agit de façon intelligente. S’il obtient un gain alors que l’autre subit une perte, il agit comme un bandit. S’il subit une perte alors que son interlocuteur obtient un gain, c’est stupide. Quant à celui qui agit pour que les deux perdent, c’est un crétin. Simple, non ? « Est crétin celui qui entraîne une perte pour un autre individu ou pour un groupe d’autres individus, tout en n’en tirant lui-même aucun bénéfice et en s’infligeant éventuellement des pertes », résume Carlo Cipolla.
Hélas, j’ai l’impression que les catégories des crétins, des bandits et des stupides sont bien plus peuplées que celle des gens intelligents. C’est le cas dans mon organisation et je suppose que c’est aussi un contexte que vous subissez. Il y a des métiers qui agissent comme des bandits, en siphonnant pour leur propre intérêt une partie du budget de la DSI, et tant pis pour les autres. Il y en a certains qui agissent comme des stupides, par exemple en payant très cher des applications achetées directement auprès d’éditeurs sans passer par la DSI qui aurait pu leur décrocher de bien meilleures conditions. Quant aux crétins, spécialistes du perdant-perdant, on les trouve chez ceux qui refusent toute idée d’investir pour réduire la dette technique, moderniser, ne serait-ce qu’un peu, nos infrastructures vieillissantes et qui militent pour un régime dur de réduction des coûts, peu importe le résultat car ils ne seront plus en fonction pour constater les dégâts. Suivez mon regard…
En attendant, s’il vous reste un peu de budget que les crétins, les stupides et les bandits ne vous auront pas gaspillé, investissez 7 euros dans ce petit livre. S’il peut vous tenir éloigné, ne serait-ce que quelques minutes, de tous les nuisibles qui vous entourent, vous aurez au moins gagné en sérénité !
Pour 7 euros, vous pouvez acquérir un détecteur de crétins qui vous sera utile en de nombreuses occasions.