Vermeer ou « Ouais… pinard ! », il faut choisir

Chez Best Practices, ils ne pouvaient pas faire moins que de m’inviter à leur dernier événement au Louvre, fin juin. Je n’ai hélas pas pu m’y rendre, parce que j’avais déjà accepté une invitation à un « Ouais…Pinard ! ». Ne cherchez pas, c’est un concept plutôt innovant…

C’est comme les webinars, sauf qu’on ne s’y emmerde pas à écouter les platitudes des leaders du marché, à ingurgiter les prophéties d’analystes grassement payés pour aligner trois phrases sur leur vision du marché et deux chiffres plus ou moins bidonnés, ou à essayer de comprendre ce qu’un anonyme a bien voulu dire avec ses mots à lui…

Un « Ouais…Pinard ! », ce n’est pas en ligne, c’est un événement qui se déroule dans la vraie vie, et ça permet de déguster quelques bons crus bordelais. Et dans un « Ouais…Pinard ! », on peut dire que la vision est plutôt floue, qu’on ingurgite plutôt du saucisson que des concepts marketing et que plutôt qu’à des discours souvent vides on a droit à des verres régulièrement remplis.

Les DSI veinards qui ont été au Louvre, m’a-t-on rapporté, ont été briefés par une historienne d’art sur un tableau de Vermeer, L’Astronome. Best Practices m’a aussi fourni la liste des impressions qui ont été spontanément exprimées par les DSI présents (c’est le principe de l’exercice que chaque participant exprime son ressenti). Allez voir sur le Web une photo de ce tableau (on ne peut le reproduire ici, les valeureux vigiles du Louvre vont nous tomber dessus pour atteinte à la propriété artistique…) et voilà ce que vous pourrez y voir !

– La « sérénité » et la « concentration » du personnage font penser à une qualité indispensable de tout DSI ;
– Le « manque de cohérence et la sensation de chaos » rappellent inévitablement les errements stratégiques de beaucoup de directions générales ou les affres des négociations budgétaires.
– Les « symboles ésotériques » visibles sur le tableau sont aussi le lot quotidien des managers IT, à travers les multiples sigles et acronymes plus ou moins abscons dont nous devons connaître la signification.
– Lorsque le peintre « triche avec la lumière », on ne peut manquer de penser aux arrangements budgétaires auxquels nous sommes tous habitués.
– La « feuille froissée », présente au centre du tableau, ressemble à une proposition d’augmentation des tarifs de maintenance d’un éditeur de logiciels qui aurait irrité le personnage. Quel manque de savoir-vivre…
– Les « contours pas nets » du personnage central montrent que, probablement, c’est un ancien DAF…
– Un « profil perdu et flou » ? Cela préfigure certainement l’avenir de notre métier !
– La « sensation de chaos » qui se dégage du tableau fait penser à une période de négociation budgétaire, tout comme les « zones d’ombre » qui parsèment le tableau.
– Le peintre « s’ingénie à faire des perspectives correctes » : comme nous lorsque l’on tente de ne pas mener de projets bancals. Sauf que c’est plus facile pour un peintre que pour un DSI de ne pas faire du travail tordu.
– Le « caractère absorbé du personnage, concentré, en pleine réflexion » montre qu’il est probablement en train de réfléchir sur la façon de sortir d’un projet mal engagé. Ou alors qu’il essaie de comprendre le revirement stratégique annoncé par son DG…
– Le personnage, encore lui, est « tellement absorbé dans son projet que des choses lui échappent ». Toute ressemblance avec les DSI serait bien évidemment forfuite !

Personne n’a cependant associé le fait que le personnage soit assis sur le bord de sa chaise à la perspective qu’il se trouve en réalité sur un siège éjectable…

Il paraît qu’au Louvre, juste à côté de L’Astronome est exposé un autre tableau de Vermeer, La Dentellière. Qui fait du cousu main. On devrait tous se sentir une âme de dentellière… Allez, sur cette considération philosophique et après cet effort pour assouvir ma soif de culture, je crois que je vais m’inscrire à un nouveau « Ouais…Pinard ! »