Vous connaissez Quintus Cicéron ? Rassurez-vous, il n’était pas DSI dans la Rome antique, ce métier n’existait pas encore, même si les ingrédients qui agrémentent la vie quotidienne des DSI d’aujourd’hui étaient déjà présents dans l’Empire romain en l’an 64 avant JC (soit l’an 2036 avant l’avènement de SAP), à savoir : la trahison, la guerre entre clans, la sourde vengeance, les batailles d’ego et autres joyeusetés caractéristiques de ces époques lointaines…
Pourquoi je vous parle de Quintus Cicéron ? Parce que le petit frère du célèbre Cicéron (Marcus de son prénom) a expliqué comment gagner une élection dans un petit ouvrage « Manuel de campagne électorale », Editions Arléa, dont je vous recommande fortement la lecture. Nous sommes donc en 64 avant JC et ledit Cicéron, candidat au poste de consul, a en face de lui six rivaux, tous aussi déterminés que lui à siéger dans la noble assemblée. C’est pourtant lui qui a gagné, à une très large majorité… Et les techniques qu’il a utilisées n’ont pas vieilli puisque, je vous l’affirme, tout DSI peut se les approprier, non pas pour gagner des élections, mais pour valoriser la fonction SI dans son organisation. Que faut-il faire ? Voici les dix trucs qui marchent à (presque) tous les coups.
1. « Tracer une vision d’ensemble, rationnellement ordonnée, d’idées qui, dans la pratique, apparaissent isolées et confuses. » Un schéma directeur dès l’époque romaine… Finalement, ils n’étaient pas fous ces Romains ! Ils ont tout inventé du management moderne.
2. Pour exprimer les vrais enjeux, Quintus Cicéron suggère de répondre à trois questions fondamentales : « De quoi s’agit-il ? À quoi es-tu candidat ? Qui es-tu ? ». Pour un DSI, l’équivalent de « Je suis un homme nouveau, je suis candidat au consulat et c’est de Rome qu’il s’agit » pourrait être : « Je suis un manager nouveau, je suis candidat pour améliorer la performance du SI et c’est de la survie de l’entreprise dont il est question. » Voilà qui est dit !
3. « Veille à ce que l’on voie bien le nombre et la diversité de tes amis et veille à t’assurer de tous ces appuis le moment venu, et fais-leur savoir combien tu les estimes. » C’est vrai qu’il n’est pas inutile de rappeler de temps en temps que le comité de direction et la DG soutiennent le DSI. Même si ce n’est pas tout à fait vrai…
4. « Puisque tu vises le plus haut poste de l’État et que tu es conscient des ambitions qui contrarient les tiennes, fais preuve de méthode, de soin et de vigilance dans ton activité. » C’est préférable, en effet, avec tous les olibrius, bras cassés et autres incompétents qui occupent les couches de management (certains même en tiennent une, de couche).
5. « Quand on fait campagne pour un poste, il faut s’assurer scrupuleusement de deux choses : le dévouement de ses amis (fruit des bienfaits et services rendus) et la sympathie populaire. Il faut se faire des amis dans toutes les catégories sociales. Si les hommes n’étaient pas des ingrats, tout cela devrait t’être acquis ». C’est pas gagné, l’ingratitude des utilisateurs étant l’ennemie de tous DSI…
6. « Une fois que tu te seras assuré le soutien des hommes ambitieux, donc les plus en vue dans leur tribu, quand tu auras recruté des partisans parmi ceux qui ont, par leur position, gagné de l’influence sur telle ou telle partie de leur tribu, tu seras fondé à nourrir les espoirs les plus sérieux. » Reste à bien faire le tri entre la tribu des ressources humaines, la tribu des financiers, la tribu des commerciaux…
7. « Quelle gloire, quel honneur si tu as à tes côtés tous ceux que tu as défendus, sauvés et libérés des charges qui pesaient sur eux ! » C’est vrai qu’ils ne connaissent pas leur bonheur, de ne pas mettre les mains dans le cambouis technologique…
8. « Ce qui est indispensable, c’est de connaître le nom des électeurs, de savoir les flatter, d’être assidu auprès d’eux, de se montrer généreux, de soigner sa réputation et de susciter, pour la manière dont on conduira les affaires de l’État, de vifs espoirs. Mets-toi bien dans l’esprit qu’il va te falloir faire semblant d’accomplir avec naturel des choses qui ne sont pas dans ta nature. Il faut veiller à ce que l’on place en ta politique de sérieux espoirs. » Faire semblant ? Pas de problème, c’est dans mes gènes. Et avec naturel, s’il vous plaît !
9. « Ce que tu peux faire pour quelqu’un, montre que tu le fais avec empressement et plaisir. Ce que tu ne peux pas faire, refuse-le courtoisement, ou mieux, ne le refuse pas : tous, et c’est la mentalité générale, préfèrent un mensonge de ta part plutôt qu’un refus. » Tout le monde est le bienvenu pour commander des projets à la DSI. On ne refuse jamais, on leur ment juste sur les délais. Mais c’est pour la bonne cause !
10. « La colère de celui à qui on a menti est bien la dernière chose à prendre en considération. » Chez nous, on utilise depuis longtemps le référentiel CTTMI, qui signifie non pas « Customer Transactional Technology Management Interface », mais « Cause Toujours Tu M’Intéresses » ! Les Romains l’avaient utilisé aussi…