J’ai lu avec intérêt, dans ce numéro de Best Practices, le témoignage du DSI qui est devenu consultant contre son gré. C’est vrai que l’on rencontre de plus en plus d’ex-DSI virés sans ménagement et qui se retrouvent, presque du jour au lendemain, à devoir se débrouiller seuls. Les conseils prodigués dans ce numéro sont forts utiles.
Il en est un que je retiens tout particulièrement, car je le pratique à forte dose : participer aux événements de nos chers fournisseurs et de leurs alliés, les groupes de presse ou d’études de marché. Dès qu’un DSI soupçonne que son poste est en danger et que son titulaire va se retrouver sur un siège éjectable, il est indispensable de commencer à renforcer son réseau professionnel. Pour cela, rien de tel que de participer à d’innombrables petits déjeuners, déjeuners, cocktails et dîners. Cela tombe bien : en tant que DSI, nous recevons quantité d’invitations. Il est temps d’y donner suite, au moins pour trois raisons. D’abord, parce que l’on y mange bien, en tous cas mieux qu’à la cantine, sans débourser un sou. Ensuite, parce que l’on rencontre des confrères dans la même situation (d’ailleurs, s’ils quittent leur poste, il y a peut-être une place à prendre, c’est toujours bon de le savoir…). Enfin, parce qu’il y a toujours de l’information à glaner.
N’ayez aucun scrupule : votre employeur vous vire ? Utilisez à fond son image pour en profiter le plus possible et le plus longtemps possible. De ma longue expérience de participation aux événements, j’en tire quelques enseignements, que je vous livre (c’est cadeau, si je peux aider…) :
• Lorsque vous êtes en poste, vous n’aurez aucun problème pour assister à des événements : répondez positivement à la plupart des invitations.
• Adoptez une attitude ouverte et positive, ne refusez pas la discussion avec les autres participants et les sponsors : ceux-ci croient que vous allez leur acheter leur solution ou que vous êtes au moins intéressé, ne les détrompez pas, laissez-leur leurs illusions. Pensez à oublier votre agenda au cas où un commercial zélé voudrait prendre rendez-vous : dites-lui de vous appeler plus tard, si possible quand vous aurez quitté votre poste.
• Ne craignez pas d’être harcelé par les sponsors à l’issue de l’événement. À part quelques-uns, la plupart ne vous rappelleront jamais ou se contenteront d’un e-mail. C’est probablement trop fatigant pour les commerciaux… Évitez quand même de fournir, dans les formulaires d’inscription, votre numéro de téléphone direct, indiquez celui du standard, ou… aucun, ou un faux numéro, ou celui de votre DAF ou du DRH qui va vous virer un de ces jours, si vous aimez les blagues. Mais lorsque vous n’êtes plus en poste ? Vous pourriez penser que vous ne pourrez plus assister à des événements, puisque vous n’êtes plus DSI, alors que c’est le moment le plus opportun pour y aller, car vous avez du temps et que vous avez tout à gagner question musclage de votre réseau de contacts ? Erreur… C’est toujours possible :
• Continuez à indiquer votre adresse e-mail professionnelle dans les formulaires d’inscription : même si vous n’êtes plus en poste, le temps de mise à jour des fichiers des fournisseurs est très long. Vous avez une marge de plusieurs semaines, voire de plusieurs mois, avant de vous faire repérer comme consultant et non plus comme DSI. Et évitez de changer trop vite votre profil LinkedIn : c’est fou le nombre d’ex-DSI qui sont toujours en poste selon LInkedIn.
• Investissez quelques euros dans un nom de domaine qui sonne comme une vraie entreprise. Éventuellement, prenez celui d’une entreprise qui n’a pas déposé de nom de domaine en .fr : vous seriez surpris, il en existe beaucoup qui n’ont pas pensé à se protéger. Je l’ai fait et c’est très pratique pour passer incognito. Cela vous évitera d’utiliser une adresse Gmail ou Yahoo : certains organisateurs d’événements y sont attentifs. Pour les salons ou les événements avec beaucoup de monde, vous pouvez utiliser une adresse personnelle, tout le monde s’en fiche…
• Pour les évènements auxquels vous n’avez pas eu le temps de vous inscrire, cela ne doit pas vous empêcher de vous présenter à l’accueil : pensez juste à conserver un stock de vos anciennes cartes de visite, elles feront forte impression auprès des hôtesses stagiaires qui accueillent les participants. Si vous n’en avez plus, faites-en des imitations qui ne serviront qu’à accéder à l’événement : elles ne tromperont pas un œil averti, a fortiori les collègues que vous pourrez y croiser…
• Pillez tout le contenu que vous pourrez trouver : livres blancs, slides, brochures en tous genres… Souvenez-vous que vous assistez à un événement pour trois raisons et seulement trois : collecter des cartes de visite de contacts potentiellement utiles pour votre nouvelle activité, bien manger et collecter du contenu que vous pourrez revendre à vos futurs clients et vous fera passer pour un vrai expert.
• Ne reculez pas parce qu’il est trop facile de voir que vous êtes consultant : souvenez-vous que, souvent, le seul critère de réussite pour les fournisseurs sponsors d’événements (celui sur lequel ils sont jugés dans leur reporting) est le nombre de personnes présentes, davantage que la qualité des profils. C’est notamment vrai pour les salons ou pour certains événements, ceux dont les organisateurs peinent à remplir la salle.
• « One more thing » comme dirait Steve Jobs : avant de quitter votre poste, abonnez-vous ou réabonnez-vous à Best Practices en version Premium, au frais de votre ex-employeur, et faites ensuite un changement d’adresse juste avant de partir. Vous vous sentirez moins seul…