À l’origine, il s’agit du WhyMe Contest, expression anglo-saxonne qui signifie, en faisant simple, « Concours de celui qui en fera le moins possible ». Ou, en version longue : « Pourquoi ça serait à moi de le faire sachant que d’autres pourraient aussi bien le faire et me ficher la paix (royale). »
C’est dans notre filiale américaine, Moudelab & Flouze Industries Inc-Apable, que j’ai découvert ce concept qui peut tout à fait se décliner chez nous. Hélas, nous l’avons testé. Et cela fait même des années que, sans le savoir, les équipes de la DSI participent, certaines d’arrache-pied, à un WhyMe Contest. Vous voulez tenter l’expérience ? Facile, même si cela risque de vous affecter le moral, à supposer qu’en cette rentrée, il soit au beau fixe.
Ingrédient numéro un : une équipe de collaborateurs, si possible étoffée, avec des personnalités différentes. N’oubliez pas de prévoir une pincée d’ego démesurés, un soupçon de personnalités narcissico-perverses et quelques brins de dépressifs plus ou moins chroniques. Que ceux qui se demandent où ils vont bien pouvoir trouver ces profils de personnalité se rassurent : en cherchant bien, ils vont en trouver…
Ingrédient numéro deux : un ambitieux plan de développement de la DSI. Appelez-ça schéma directeur, plan stratégique, ou inventez des petits noms du style « Vision 2019 », « Perspectives 2020 » ou « ValeurIT Y’aBon», vous avez l’embarras du choix. Bref, un truc qui va indéniablement chambouler les habitudes de la DSI et qui est, bien sûr, officiellement et entièrement tournée vers la valorisation du travail de ses collaborateurs vis-à-vis des utilisateurs et des directions métiers.
Laissez mijoter quelques semaines ou quelques mois, en clair laisser entrevoir une augmentation de la charge de travail. Pour la bonne cause : mettez ça sur le compte de l’innovation (incontournable, c’est écrit dans les journaux et la DG l’a dit), de l’alignement DSI-métiers qui nécessite de nouveaux projets (indispensables, c’est écrit dans les journaux et la DG l’a dit) ou de l’agilité (indissociable du SI, c’est écrit dans les journaux et la DG l’a dit).
En principe, vous devez susciter une explosion de joie dans vos équipes à la perspective de participer de près à ces projets ambitieux pour l’entreprise et ses dirigeants. C’est là que le WhyMe Contest se met en place, que vous le vouliez ou non. Les participants sont tous très motivés pour participer à la compétition. Ils vous poseront d’abord de nombreuses questions depuis le traditionnel « Va-t-on être augmenté ? », jusqu’au « Vais-je changer de catégorie de poste ?» en passant par « À combien de prestataires supplémentaires la direction a-t-elle prévu de faire appel ? » ou le non moins traditionnel « Ca me rapporte quoi ce nouveau projet ? ».
Après les questions, viennent toutes les bonnes raisons de se défiler, depuis le classique « Je suis déjà sous l’eau, débordé de boulot », jusqu’au « Mon collègue du bureau d’en face part à 17 h 00 tous les jours, pourquoi ne pas lui confier des tâches supplémentaires ? », en passant par « Avec les 35 heures, on ne peut pas y arriver, c’est mathématique ».
Malheureusement, le WhyMe Contest a beaucoup de succès en période de crise, de restrictions budgétaires, et, plus encore, en période de rentrée. Heureusement, ce jeu ne concerne pas que les DSI, il est très répandu dans toutes les autres entités des entreprises. Si dans votre entreprise, le WhyMe Contest se répand, pourquoi ne pas nous raconter vos démêlés ? Écrivez-moi, qu’on rigole ensemble : olivier.sehiaud@gmail.com. Les réponses les plus drôles gagnent un exemplaire de l’ouvrage DSI.con dédicacé par l’auteur, en l’occurrence votre serviteur…