C’est une Une récente du magazine L’Express qui m’a interpellé, avec un titre accrocheur : « Un français sur cinq est concerné par des troubles psychiatriques, tels que la dépression, l’anxiété, la bipolarité, l’autisme, la schizophrénie ou les phobies ».
Le magazine nous explique ainsi que les « malades se trouvent souvent confrontés à une longue errance avant d’obtenir un diagnostic ». Des zombies en quelque sorte, que l’on se coltine dans nos organisations…
Si l’on ajoute ceux qui ne dorment que d’un œil, ça fait du monde. Une étude, qui vient de sortir, réalisée par le site qapa.fr et le fabricant de literie Tulo, a analysé les pratiques des français face au sommeil et pose la question suivante : « Les Français dorment-ils assez pour être pleinement efficaces au travail ? »
En voilà une bonne question ! Vous vous doutez de la réponse : c’est non ! A la question « à votre réveil, vous sentez-vous prêt(e) pour votre journée de travail ? », 65 % des personnes interrogées ont répondu par la négative. Autre enseignement de cet intéressant sondage : une fois au boulot, le manque de sommeil risque d’altérer le travail de plus d’un français sur deux. En effet, un salarié sur deux pense que la fatigue est un facteur qui dégrade leur travail et 58 % estiment que le manque de sommeil serait la cause d’erreurs. Je comprends maintenant pourquoi nous avons tant de bugs dans nos applications, tant, de comptes-rendus de comité de pilotage incompréhensibles et tant de projets qui partent en vrille…
Donc, si je compte bien : 20 % de mes équipes souffrent de troubles psychiatriques et 65 % dorment si peu qu’ils peuvent à tout moment faire n’importe quoi. Soit, au total 85 %. Si l’on ajoute ceux qui sont a priori sains d’esprit, qui dorment beaucoup, mais font quand même des conneries, peut-être frôle-t-on les 100 % !
Comment sortir de cette situation ? Il ne sert à rien de se séparer de ces zombies, qui seraient de toute façon remplacés par d’autres venant d’entreprises bien contentes, elles aussi, de se débarrasser de leur quota de personnes « en situation de handicap mental ». De toute façon, il faudrait en conserver au moins 10 % pour être conforme à la législation… Il ne sert à rien également de les raisonner, puisque, par définition, la plupart ont perdu la raison et que personne ne va la leur rapporter (ceux qui en ont la gardent précieusement, ça peut servir…). En tous cas pas dans des délais suffisants. Il ne sert à rien non plus de les désigner comme coupables, ils sont tellement nombreux que ça se terminerait probablement en bataille rangée dans les bureaux. Il ne sert à rien, enfin, d’aller se plaindre à la DRH, ils ont les mêmes profils, voire pire à ce que l’on m’a dit…
J’ai quand même essayé de mettre en place les meilleures approches de coaching. Mais il faut reconnaître que faire accompagner un dépressif chronique par un schizophrène non moins chronique se révèle plutôt périlleux et ne donne guère de résultats probants. De même, faire suivre un autiste par un bipolaire conduit à recommencer toujours la même chose, l’un change d’avis tout le temps et l’autre semble ne pas écouter de façon très attentive les conseils qui lui sont prodigués pour s’ouvrir au monde. Quant à faire coacher un phobique par un anxieux paranoïaque, je vous laisse imaginer le résultat. On pourrait, à la limite, leur confier la gestion de l’application du RGPD, mais nous avons déjà un juriste atteint de troubles obsessionnels compulsifs qui s’en charge.
Il faut donc faire avec, en espérant que tous ces troubles ne soient pas contagieux. Je vais quand même prendre garde : je connais des collègues qui ont abandonné le métier de DSI et qui, quand ils sont sortis de leur environnement, lui aussi peuplé d’une forte proportion de collaborateurs un peu dérangés ou insomniaques, ont été atteint de stress post-traumatique.
Quand je dis que les DSI mènent une vie de dingue, et qu’on nous prend pour des fous ! Je comprends mieux pourquoi… Je vous abandonne jusqu’au prochain numéro, j’ai mes cachets de Lexomil à avaler…