Les économistes nous ont habitués depuis des décennies à analyser les crises et les reprises. Souvent, ils qualifient ces mouvements par des lettres. Ils nous ont inventé un petit jeu que l’on pourrait baptiser « la sortie de crise pour les nuls ».
Principe : avec des lettres, on imagine des scénarios de sortie de crise, par exemple en J (retour rapide à la croissance), en U ou en V (une bonne dépression entre deux périodes d’euphorie) ou encore en W, avec un répit de courte durée avant de retomber dans une nouvelle crise. Hélas, dans tous les cas, nos budgets, et probablement une grande partie de nos projets, resteront confinés (dans un tableau Excel pour nos budgets, dans des slides pour nos projets).
Je préfère la reprise en M, au moins, il n’y a qu’un creux… Tant que ces analogies restent dans des formes compréhensibles, on peut prévoir ce que sera l’évolution des systèmes d’information. Avec une reprise en J, le nombre de projets va exploser, avec un U également (mais sans les budgets qui vont avec, on s’est habitué à ne plus en avoir dans le creux du U, qui devient de plus en plus large…) et avec un W on a intérêt à ménager ses arrières, car la prochaine crise pointera son PIB atone peu de temps après que nos directions générales se croiront sorties d’affaire. Problème : si la sortie de crise prend des allures bizarres que même les économistes distingués n’ont pas imaginé, je ne vous raconte pas les acrobaties que nous allons devoir faire. La reprise en Z ou en S ? Elle annonce des changements de stratégie tous les mois. La reprise en O va nous ramener deux ans en arrière, selon le principe bien connu qu’O n’est qu’une ligne droite qui revient à son point de départ… Finalement, ça ne serait pas si mal : nous reviendrions, en remontant le temps, à une situation quasi-normale, avant « le jour d’après ».
La reprise en L n’annonce rien de bon, nous entrerons dans une ère quasi glaciaire : on ne combattra plus le réchauffement des systèmes d’information, mais la déforestation des projets… Clairement, avec la reprise en I, on va dans le mur… La reprise en H suppose, pour passer d’un côté à l’autre, de s’engager sur un étroit passage et on a vite fait de se retrouver au fond d’un U ! Il faut en tous cas éviter la reprise en X, c’est un mauvais présage, on peut à coup sûr faire une croix sur notre métier, sur nos budgets, sur nos projets et sur notre avenir en tant que professionnels des technologies de l’information. Si en plus on double les consonnes, nous sommes irrémédiablement fichus ! La plupart des économistes penchent pour une reprise en racine carrée : une bonne descente en récession (ça, c’est fait…), une bonne purge (ça, c’est en cours…), une remontée rapide (on attend toujours) et une stabilisation à un niveau encore plus haut qu’avant la crise (mais c’est pas sûr…). Mais, si ce scénario se réalise, je crains le pire quand on va nous demander de calculer la racine carrée de nos budgets !
Les licences sont aussi déconfinées
Tout ne va pas si mal pour certains : un éditeur de logiciels de test en a profité pour forcer la note sur le coût de ses licences, qui ont bondi de 20 % au premier avril. Heureusement, il reste très correct, il nous a laissé la possibilité de lui faire un chèque avant l’augmentation, et il nous souhaite non seulement une bonne journée (c’est sympa), mais aussi un bon week end (c’est super sympa).