Gontran Poline, sous-manager commercial à la sous-direction du sous-département de la sous-entité logistique de la filiale d’une filiale d’un groupe de la grande distribution, avait pris soin de lire plusieurs ouvrages de développement personnel pendant ses congés. Il espérait ainsi mettre en application les préceptes des gourous et en avait retenu deux qu’il comptait bien mettre en application : faire « rebondir sa carrière professionnelle » et « sortir du cadre ».
Mais Gontran Poline aurait dû lire plus attentivement les précautions liées à ce type d’ouvrage de management, en particulier le danger de tout faire en même temps. « C’est toujours contre-indiqué, car si un lecteur applique la totalité des conseils il devient fou en moins de deux semaines, d’autant que la plupart des recommandations sont contradictoires d’un ouvrage à l’autre », souligne le célèbre gourou du management K. Sla N’Tienne.
Hélas, Gontran Poline a voulu aller trop vite : il a rebondi trop haut, est effectivement sorti du cadre, mais est retombé lourdement sur un tas de responsabilités dans lequel dépassait quelques processus trop aiguisés et des expertises pointues. Résultat : de multiples fractures, quelques points de suture et de nombreuses blessures d’amour-propre, qu’il a fallu nettoyer.
Pour se remonter le moral, il a profité de son séjour à l’hôpital pour revoir son film favori : « Comment réussir quand on est con et pleurnichard », avec son idole Jean Carmet. Un film qui pourrait tout aussi bien être le sous-titre de 90 % des livres de management et de développement personnel.