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Une étude anglaise, publiée dans la revue médicale JAMA (Journal of the American Medical Association), une publication tout aussi sérieuse que Best Practices (c’est dire le niveau…), a décelé douze signes qui permettraient de poser plus rapidement le diagnostic de la schizophrénie.

Jusqu’à présent, je n’avais porté aucune attention à ces considérations psycho-mentalo-déliro-panaro-psychanalytico-cérébrales. Jusqu’à ce que je fasse le rapprochement entre ces symptômes et ce que j’observe dans mon entreprise. Certes, l’organisation pour laquelle je travaille ne s’apparente pas à un hôpital psychiatrique (du moins pas encore…).

Rappelons que la schizophrénie se manifeste par une perte de contact avec la réalité, accompagnée, entre autres, d’une « altération du processus sensoriel » (en gros, des hallucinations) et du fonctionnement de la pensée (en bref, celui qui est atteint a tendance à débiter un nombre de conneries supérieur à la moyenne…). « La personne schizophrène a l’impression d’être contrôlée par une force extérieure, de ne plus être maîtresse de sa pensée ou d’être la cible d’un complot à la finalité mal circonscrite », nous explique Wikipédia, encyclopédie médicale de référence.

Là où c’est inquiétant, c’est que ces douze signes annonciateurs de la schizophrénie, je les retrouve quasiment tous au sein de mes équipes et chez les interlocuteurs métiers pour qui nous travaillons.

Symptôme n°1 : le comportement suicidaire (souvent avec automutilation), le plus fréquent. C’est sûr que lorsque l’on voit le comportement de certains développeurs ou chefs de projet, voire de certains DSI, qui ont abandonné l’idée de rester curieux, de s’inspirer de nouvelles idées et qui ne lisent plus rien parce que ça prend trop de temps, on se demande s’il ne s’agit pas d’automutilation du cerveau et de l’intelligence.

Symptôme n° 2 : la dépression. Vu l’entrain de mes équipes le matin et l’effort qu’il faut fournir pour les mettre au boulot, je me demande si la proportion de dépressifs n’est pas un peu trop importante dans la DSI.

Symptôme n° 3 : les problèmes liés au tabagisme. Avec les demandes farfelues que l’on nous soumet, peut-être que les métiers ont trop tendance à fumer la moquette.

Symptôme n° 4 : les attitudes obsessionnelles. Y-aurait-il une surreprésentation de schizophrènes à la direction financière, avec leur obsession du ROI ? Je dis ça, je ne dis rien…

Symptôme n° 5 : le déficit de l’attention. C’est vrai que dans nos réunions de comités de pilotage, j’observe que ce déficit a tendance à se creuser. Et on a largement dépassé les 3 % du PIB (Pourquoi s’Investir dans le Boulot).

Symptôme n° 6 : les troubles obsessionnels compulsifs. Est-ce à dire que mes collègues sont anxieux au point de souffrir de peurs irraisonnées (le cloud, l’IA…) et de répéter des gestes rituels ? Probablement… Mais ce trouble a au moins deux avantages : comme ils sont obsédés par l’ordre et craignent les virus, toutes nos documentations sont impeccablement rangées et la sécurité de nos applications est assurée.

Symptôme n° 7 : un comportement bizarre, avec un affect émoussé. Ah, ben, je retrouve le portrait de notre nouveau Chief Digital Officer, qui définit sa stratégie en fonction de ce qu’il lit sur Twitter (le réseau social de ceux qui n’ont rien à dire…) et qui ne sort de son bureau que lorsqu’il est obligé…

Symptôme n° 8 : un trouble du comportement social. C’est vrai que, dans les pots organisés par la DSI, les représentants des métiers ne viennent pas souvent. Etonnant, non ?

Symptôme n° 9 : l’isolement social. Quand je suis obligé de faire le tour des bureaux pour débrancher les PC pour que nos développeurs rentrent enfin chez eux, est-ce un problème ? Il faudra que j’en parle à mon psy…

Symptôme n° 10 : les troubles de l’hygiène personnelle. Dans ce domaine, plus rien ne m’étonne depuis que l’on m’a dit que les équipes de la DSI n’étaient plus en odeur de sainteté dans les métiers et que l’on devrait laver notre linge sale en famille.

Symptôme n° 11 : les troubles du sommeil. Quand je vois la proportion de mes collaborateurs qui s’assoupissent au bureau et pendant les comités de pilotage, je me doute que leur sommeil, en dehors des heures de travail, doit être perturbé…

Le douzième signe caractéristique de la schizophrénie est plutôt une bonne nouvelle : selon les chercheurs, les individus atteint de schizophrénie ne souffrent quasiment plus de maux de gorge. Tant mieux si la schizophrénie de notre DSI contribue à réduire le déficit de la sécurité sociale…