Le déconagone, c’est aussi magique !

Les fournisseurs qui nous soûlent avec leur communication stéréotypée selon laquelle ils sont leaders parce qu’ils figurent en bonne place dans je ne sais quels carrés magiques, quadrants illuminés, triangles enchantés, polygones miraculeux et autres parallélépipèdes merveilleux, sont un peu comme les alcooliques anonymes.

Ces derniers crient régulièrement, plutôt pour se persuader eux-mêmes que pour convaincre les autres, qu’ils sont « guéris ». Les fournisseurs ont, eux aussi besoin, de proclamer tous les trimestres qu’ils sont « leaders ». Tout le monde sait que tout le monde s’en fiche, et réciproquement…

Plutôt que de me contenter des sempiternelles divagations sur le positionnement stratégico-aligné de nos chers fournisseurs, je me suis construit ma propre figure géométrique. Elle n’a évidemment pas de nom car elle ne ressemble à rien. J’ai créé des catégories qui me permettent de classer les fournisseurs selon leur comportement et dont je vous livre les caractéristiques. Ne me remerciez pas, c’est cadeau, c’est juste pour la satisfaction de voir comment, lorsqu’un fournisseur viendra vous voir, vous ne pourrez pas vous empêcher de chercher la catégorie à laquelle il appartient dans le déconagone® d’Olivier Séhiaud. Que vous pouvez bien sûr afficher en bonne place dans votre bureau, histoire de mettre de l’ambiance lors des prochaines négociations d’appels d’offres…

Les pestiférés : ce sont les fournisseurs à éviter car ils portent la poisse. On en connaît tous au moins un. Dès qu’ils entrent en scène, les projets ont une fâcheuse tendance à planter. Mais on ne sait jamais pourquoi. Sans doute un mauvais karma…
Leur phrase fétiche : « Vraiment, je ne comprends pas pourquoi ça ne marche pas, ça fonctionnait pourtant bien lors de la démo… » Justement, on aurait dû se méfier…

Les bras cassés : toujours de bonne volonté, ils veulent bien faire. Hélas, il faut leur expliquer dix fois la même chose. Si en plus les bras cassés travaillent chez les pestiférés, prévoyez des vacances rapidement. On évitera systématiquement de faire travailler ensemble les bras cassés des fournisseurs et vos propres bras cassés.
Leur phrase fétiche : « Hmpff, ça me semble difficile ce que vous me demandez. Je vais en parler lors de la prochaine réunion de reporting avec les US. » Tu connais la définition d’initiative ?

Les casse-pieds : ils harcèlent votre assistante, demandent à parler à tous vos collaborateurs, vous bombardent de mails sans intérêt et vous relancent vingt fois pour que vous assistiez à leurs événements (si c’est aux Bahamas, vous pouvez quand même y aller, ne faites quand même pas trop les difficiles). Si vous avez le temps, harcelez-les à votre tour en leur demandant des dizaines de devis et en changeant vos besoins en permanence : en principe, ils vont craquer en premier…
Leur phrase fétiche : « Vous ne pouvez VRAIMENT pas venir à notre prochain petit déjeuner pour la présentation de notre version 7.3.9.8.7.4.etc.2.2 ? » J’attends la 2.3, ça a l’air mieux…

Les débrouillards : ils draguent les directions métiers pour leur vendre ce dont elles n’ont pas besoin. À charge pour vous de démêler le bazar qu’ils vont mettre dans le système d’information.
Leur phrase fétiche : « Votre assistante peut-elle me communiquer le numéro de téléphone direct de votre DG, ça m’arrangerait… » Pro ou perso ? Parce qu’on l’a aussi…

Les loosers : ils ont honte d’annoncer leurs parts de marché et se traînent depuis des années avec des technos dont personne ne veut.
Leur phrase fétiche : « On n’a pas eu de chance au dernier trimestre, mais on va se refaire… » N’oubliez pas de prendre vos vitamines…

Les grosses têtes : ils sont visionnaires, mais avec l’ego en plus. À écouter d’une oreille distraite…
Leur phrase fétiche : « Vous saviez que le gourou mondial de notre technologie travaille chez nous ? Non ? Ne cherchez pas, c’est pour ça que nous sommes meilleurs que nos concurrents. » Personne d’autre n’en a voulu, de votre gourou ?