Le déconagone, deuxième couche

Je vous ai parlé dans le dernier numéro de mon déconagone. Comme il y a tellement de catégories, je n’ai pas eu assez de place pour tout détailler.

Après une âpre négociation avec cette noble revue qu’est Best Practices Systèmes d’Information (je suis quand même obligé d’en dire du bien sinon ils vont me virer, ça rigole pas trop dans les pages d’à côté…), j’ai obtenu de revenir sur ce sujet ô combien stratégique pour nous tous dans le cadre de nos relations avec nos fournisseurs. Pour ceux qui n’ont pas suivi l’épisode précédent : le déconagone est une alternative aux carrés magiques, quadrants illuminés, triangles enchantés, polygones miraculeux et autres parallélépipèdes merveilleux. Il permet de classer les fournisseurs selon de critères qui n’ont rien d’objectifs (mais ce n’est pas moi qui ai commencé !). Nous avons abordé dans le précédent numéro les caractéristiques des loosers, des pestiférés, des bras cassés, des casse-pieds et des grosses têtes. Il existe d’autres catégories bien utiles.

Les clientélistes : ils font la course aux références clients, même ceux qui n’ont commandé qu’un bout de licence à mille euros, ou une heure de consultants à 99,9 euros.
Leur phrase fétiche : « Je l’aurai, un jour, je l’aurai… » Et si je t’offre un café, ça compte ?

Les t’enveuxn’env’la : non ce n’est pas une tribu isolée dans une jungle hostile. Au contraire, on les trouve partout, en particulier chez les consultants qui sont toujours prompts à dégainer leurs compétences dans tous les domaines dès qu’un DSI bouge un cil.
Leur phrase fétiche : « Nous avons reçu une fournée de jeunes consultants tout juste sortis de leur école de commerce, je suis sûr qu’ils vous plairont, je vous en mets deux de côté. » Ben non, je n’ai pas besoin de ces jeunots à qui il faudra tout apprendre. Et je ne peux même pas les revendre d’occasion…

Les adeptes du cash-cash : à recevoir plutôt en fin de trimestre, lorsqu’ils sont sous pression. C’est à ce moment-là que l’on fait les meilleures affaires.
Leur phrase fétiche : « J’peux vous faire une remise, mais faut signer avant la fin de la semaine. » C’est long quand même comme délai, je ne sais pas si je vais tenir, j’suis tout fébrile…

Les visionnaires-à-peu-de-chose-près : très proches des casse-pieds, ils peuvent passer des heures à vous expliquer l’avenir des technologies et de vos métiers. Je les ai rebaptisés les « visionnaires-mais-tu-te-la-gardes-ta-vision. »
Leur phrase fétiche : « Vous verrez, plus tard, vous comprendrez que nous avons eu raison avant tout le monde. » Puisqu’il le dit… Je ne vous raccompagne pas…

Les packageurs mais presque : ils proposent des offres dont on s’aperçoit souvent que si on avait acheté les composants séparément on aurait payé moins cher…
Leur phrase fétiche : « Bien sûr, vous n’avez pas besoin de toutes ces fonctionnalités intégrées, mais on ne sait jamais. » C’est effectivement une bonne idée de faire des provisions pour l’hiver… J’en parlerai à mon DAF.

Les branquignols. Ce sont les vrais amateurs du monde de la high-tech. Ce sont « des individus qui n’inspirent pas confiance, soit par manque de sérieux, soit par manque d’intelligence », nous explique Wikipedia. À quoi les reconnaît-on ? Il suffit de leur demander qui est leur chef. Vous vous apercevrez alors qu’il s’agit d’un manager qui collectionne les postes de DG et qui échoue partout où il passe. Tout le monde le sait, sauf les chasseurs de têtes qui se sont contentés de parcourir leur CV sans rien vérifier. Le problème est que le chef des branquignols a tendance à s’entourer de plus branquignols que lui (c’est normal, pour paraître intelligent). On en trouve beaucoup chez les éditeurs de logiciels. Je vois que vous en connaissez qui entrent dans cette catégorie. Mais par charité, on taira les noms…
Leur phrase fétiche : « J’aime bien quand un projet se déroule sans accroc ». Preuve qu’ils ne doutent de rien. C’est même à ça qu’on les reconnaît…