Le forcené qui était enfermé chez lui depuis six mois s’est finalement rendu à la police. Il a tenu si longtemps, dans son petit appartement de Vatexibé-sur-Seine, car il avait pris la précaution de faire beaucoup de réserve de nourriture et avait affirmé disposer de beaucoup de temps.
« Nous redoutions un siège interminable, car il était lourdement armé de patience », confie le commissaire Albert Rurié, pour qui ce type d’armement est très difficile à désamorcer. Personne n’avait prévu son geste. « Quand on est armé de patience, on passe tous les détecteurs et on peut en accumuler autant qu’on veut dans le cerveau, surtout ceux dont le cerveau est moins performant que la moyenne car il y a plus d’espace de stockage. »
Le forcené en avait à revendre (ce qu’il n’a pas pu faire, personne n’a voulu lui en acheter), cela faisait plus de vingt ans qu’il attendait une promotion dans son entreprise. Qui n’est jamais venue. « Faut être sacrément armé de patience pour supporter ça », ajoute le commissaire divisionnaire Albert Rurié. « Comme la patience a des limites, il nous a juste fallu attendre que le forcené les atteigne », poursuit-il, se félicitant d’une conclusion heureuse de cette affaire qui aurait pu mal tourner. « Croyez-en mon expérience de terrain, quelqu’un qui est armé de patience finit toujours par tuer le temps ! », assure Albert Rurié.