Poisson panel

Que je vous raconte… J’ai réussi une fois de plus à faire perdre la face à mon intégrateur préféré ! Certes, ce n’est pas la première fois qu’il est remis en place, mais, cette fois, il va regarder à deux fois avant de nous augmenter ses prix de journée.

Cet intégrateur, du nom de Wilson & Rossignol, un grand cabinet anglo-saxon, dispose d’une armée de consultants juniors dans l’Hexagone, selon le principe classique que les seniors ou les associés négocient les contrats autour d’une bonne table, les commerciaux poussent les wagonnets d’avenants et le tout est exécuté (quelquefois dans le sens premier du terme, façon guillotine technologique…) par des juniors qui viennent se faire la main sur nos applications pour mieux revendre leurs compétences ailleurs.

Depuis que je leur ai signifié que j’ai intégré le panel Ratings de Best Practices (voir page 1), ils rigolent moins. J’ai même le numéro de dossier 007, c’est vous dire si, chez Best Practices, ils poussent loin dans le détail symbolique. Ma mission, au service secret de Sa Majesté la Direction Générale ? Remplir des fiches pour chaque projet que nous avons mené avec Wilson & Rossignol (et les autres) et noter tous les critères, sans complaisance. Ensuite, on partage avec les autres DSI membres du panel. Comme ça, tous sauront ce qu’il faut en penser. Pour le meilleur ou pour le pire… Les notes sont anonymes, bien sûr, pas question que nos fournisseurs nous concoctent des mesures de rétorsion sous prétexte que l’on a trouvé que la qualité de l’accompagnement laisse à désirer, que les livrables sont livrés quand ces messieurs ont le temps ou encore que le respect des engagements de services gagnerait à être plus respectueux.

J’avais parlé de l’initiative Ratings, il y a quelques semaines, à l’un des ingénieurs commerciaux de Wilson & Rossignol. « Oui, bof, de toute façon, nous bénéficions d’une excellente image sur le marché, nous ne craignons rien. » Lorsque je lui ai expliqué que les pratiques de son entreprise consistant à développer une application pour un client puis à la revendre à un autre (qui ignore qu’elle a déjà été développée ailleurs), au plein tarif bien sûr, seraient plus facilement mises au jour, son sourire de satisfaction s’est légèrement estompé. Lorsque je lui ai signifié que leur calamiteuse gestion des délais allait peut-être freiner les ardeurs des prospects qui auraient la bonne idée de consulter la fiche Wilson & Rossignol dans Ratings, son sourire a disparu.

Et lorsque je lui ai exprimé que la probabilité est non négligeable que la plupart de ses clients et prospects, aidés par les directions achats à l’affût d’économies réalisées à bon compte, s’appuient sur les points faibles de Wilson & Rossignol, tels qu’ils apparaîtront dans Ratings pour demander, suite à un appel d’offres, un rabais d’au moins 5 % « pour commencer », il a ri, mais jaune, cette fois. Comme c’est un surdoué, il a dû rapidement faire un calcul de ce que ça allait lui coûter en cas de contagion dans toutes les DSI. Et lorsque nous aurons passé tous nos fournisseurs dans le tamis Ratings, nous aurons limité les risques de nous tromper en choisissant un intégrateur qui ne tient pas la route.

Jusqu’à présent, on s’en apercevait lorsqu’il avait commencé le travail (à défaut de l’avoir fini correctement). Désormais, il va falloir qu’il s’explique sur le pourquoi-du-comment-ça-se-fait qu’ils n’ont que 1/10 sur la « qualité de la documentation », seulement 4/10 pour la « compréhension des besoins métiers » et tout juste la moyenne sur le critère « niveau de compétences des consultants ». En attendant, je me mets à l’ouvrage pour remplir mes fiches. Et j’ai rendez-vous la semaine prochaine avec Gilles Fépachère, notre directeur des achats. Nous allons commencer les simulations sur nos éventuelles économies pour le budget de l’année prochaine…